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Attentats de Boston: retour progressif à la normale

Le Vif

Djokhar Tsarnaev, le suspect de l’attentat qui a endeuillé le marathon de Boston il y a une semaine, a été formellement inculpé lundi sur son lit d’hôpital malgré son état « grave ». Une première audience a été fixée au 30 mai prochain, au moment où la vie reprenait un cours presque normal dans la ville.

Le suspect, âgé de 19 ans, encourt la peine de mort. Les charges comprennent l’utilisation d' »armes de destruction massives » ayant entraîné la mort, en l’occurence des cocottes-minutes transformées en bombes, a indiqué le ministère de la Justice.

Djokhar Tsarnaev, arrêté vendredi soir, est soupçonné d’avoir perpétré le pire attentat sur le sol américain depuis le 11-Septembre avec son frère Tamerlan, 26 ans, tué dans la nuit de jeudi à vendredi à l’issue d’une course-poursuite avec la police.

Une cinquantaine de personnes sur les près de 180 blessées dans l’attentat restaient hospitalisées lundi, une semaine après l’attentat.

L’inculpation du jeune Américain d’origine tchétchène signifie qu’il « ne sera pas traité en ennemi combattant » et donc pas traduit devant un tribunal militaire d’exception, a affirmé la Maison Blanche, rejetant les demandes en ce sens de plusieurs élus républicains. Les questions demeurent entières sur les motivations des deux frères, entre la radicalisation islamiste supposée de l’aîné, l’éventuelle emprise sur son cadet ou la frustration sociale de jeunes hommes dans un pays dans un pays qu’ils habitaient depuis plus de dix ans, malgré une intégration semble-t-il réussie de Djokhar.

Le jeune homme restait lundi dans un « état grave », selon le FBI. Il serait selon plusieurs médias intubé mais conscient. Une blessure à la nuque laisse penser qu’il a cherché à se suicider avant sa capture en se tirant une balle dans la bouche. Ces blessures l’empêcheraient donc de parler mais les policiers

antiterroristes ont cependant commencé à l’interroger, ont rapporté les médias américains, le jeune homme répondant « sporadiquement » par écrit, selon ABC.

Des spécialistes des interrogatoires doivent notamment le questionner sur d’éventuels complices et autres attentats qu’il aurait projeté avec son frère. Le chef de la police de Boston, Ed Davis, a rappelé qu’ils avaient encore trois bombes rudimentaires à leur disposition lors de leur affrontement avec les policiers jeudi soir.

Les frères Tsarnaev avaient également deux pistolets et un pistolet à grenailles. Ils ont par ailleurs retrouvé un fusil d’assaut M-4, une arme de guerre équipant les soldats américains et qui n’est pas en vente libre, dans le bateau dans lequel Djokhar a été retrouvé, selon le New York Times.

Tétanisée par l’attentat qui a fait trois morts et près de 180 blessés puis totalement immobilisée vendredi pour faciliter la traque du jeune homme de 19 ans, l’agglomération a repris lundi matin une activité presque habituelle.

« Nous sommes contents de reprendre notre emploi du temps ordinaire… La vie doit reprendre », a confié Halle Kyne, un père de famille qui accompagnait sa fille de 12 ans à la Boston Latin school située non loin du lieu de l’explosion. « Ca fait du bien de voir les gens dehors », a de son côté lâché Torry Taylor, qui travaille dans l’animalerie Fish and Bones. Chanjuda Chun, propriétaire d’un restaurant de sushi situé à proximité du lieu de l’attentat, s’est pour sa part réjoui de voir les affaires reprendre: « j’ai l’impression d’avoir vécu dans un film pendant une semaine. On a été fermé pendant trois jours et on a perdu beaucoup d’argent ».

Mais un périmètre de sécurité était toujours dressé aux abords des lieux du drame. Dans Boylston street, là où se situait la ligne d’arrivée du marathon, les enquêteurs poursuivaient lundi leur inspection des lieux. Commerces, restaurants étaient tous fermés et les immeubles, depuis une semaine, vidés de leurs habitants.

A 14H50 (18H50 GMT), à l’heure précise des explosions, une minute de silence devait être observée à travers la ville. « Ce moment de silence doit permettre d’offrir à chacun un moment tranquille pour réfléchir à ce qu’il s’est passé cette semaine et pour se souvenir de ceux dont la vie a été perdue et de ceux dont la vie sera pour toujours changée », a expliqué le maire, Thomas Menino.

Les cloches des églises du Massachusetts sonneront juste après. Après s’être reposée sur l’analyse des images de surveillance et des photos et vidéos envoyées par les spectateurs du marathon de Boston, l’enquête a pris un tour traditionnel avec l’analyse des relevés téléphoniques, bancaires et des ordinateurs des deux frères, interrogatoire des témoins et de leur entourage.

La femme de Tamerlan, Katherine Russell, une Américaine convertie à l’islam avec qui il a eu une fille, a refusé de parler aux policiers, selon son avocat, cité par les médias américains. Une des pistes s’oriente vers la Russie et les « cinq mois et treize jours » passés par Tamerlan au Daguestan en 2012, a indiqué à l’AFP

une une source des forces de l’ordre locales.

Pendant son séjour, il « s’est trouvé au moins quatre fois dans la ligne de mire des forces de l’ordre » alors qu’il était en compagnie d’un autre jeune homme surveillé pour ses liens supposés avec le milieu islamiste clandestin, selon cette source.

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