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Attentats d’Oslo : chronologie d’un drame

Le double attentat qui a eu lieux à Oslo vendredi a fait 76 morts selon un bilan revu à la baisse. L’auteur présumé, un norvégien de 32 ans, a été arrêté par la police et a reconnu les faits mais il estime qu’il n’a rien fait de répréhensible. Retour sur le déroulement du premier attentat de l’histoire du pays scandinave.

Vendredi en milieu d’après-midi à Oslo, une voiture piégée explose en plein coeur du quartier officiel, à proximité immédiate de l’immeuble abritant le siège du Premier ministre norvégien, absent à ce moment-là, et d’un autre immeuble occupé par la rédaction du plus grand tabloïde norvégien, le Verdens Gang.

L’explosion a été entendue à des kilomètres à la ronde. Elle a soufflé les fenêtres du bureau du Premier ministre et l’imposante tour brune était endommagée sur toutes ses façades, ce qui permettait littéralement de voir de part en part du bâtiment.

« Il y a du verre partout. C’est le chaos total. Les fenêtres de tous les immeubles environnants ont été soufflées », a commenté une journaliste de la radio publique NRK présente sur place.

Un porte-parole de la police a rapidement appelé les habitants d’Oslo à « éviter les grands rassemblements » et à rentrer chez eux. Le quartier a été entièrement bouclé et des chiens renifleurs ont passé l’endroit au peigne fin à la recherche d’autres explosifs éventuels tandis que des pompiers luttaient contre les flammes dans un paysage de désolation urbaine. On parle de « plusieurs dizaines » de personnes hospitalisées pour des blessures plus ou moins graves.

Une heure après l’explosion dont la police a été alertée à 15H26, les sirènes des secours retentissaient encore dans la capitale norvégienne.

Une fusillade dans un meeting travailliste

Peu après, vers 16h50, un homme armé d’un fusil automatique déguisé en policier ouvre le feu dans un meeting de la jeunesse travailliste à Utoeya, une île en grande banlieue d’Oslo. Pendant 45 minutes l’homme tire sur les jeunes, tous âgés entre 14 et 20 ans. Le Premier ministre Jens Stoltenberg devait initialement s’y rendre.

L’homme s’est introduit dans le camp en prétendant vouloir s’assurer de la sécurité des participants après l’explosion d’Oslo et a tiré sur les participants.

L’unité spéciale de la police ne serait arrivée sur place que vers 18h25. Le chef du district de police estime qu’il a fallu 45 minutes aux forces de l’ordre pour atteindre le lac. Elles n’ont pas pris d’hélicoptère pour rejoindre l’île car il n’y en avait pas de disponible.

Lorsque les agents de police arrivent finalement, des dizaines de jeunes sont déjà morts ou gravement blessés. Le tireur s’est alors directement rendu sans que plus aucun coup de feu ne soit tiré.

La police locale n’a reçu l’information sur la fusillade à 17h27 et l’auteur fut maîtrisé à 18h27, selon le chef de police. « Nous sommes partis dès que nous avons eu la nouvelle. Nous avons, en outre, demandé l’assistance de la police d’Oslo qui dispose d’une unité spéciale », a-t-elle affirmé.

Vers 19 heures la presse norvégienne annonce que l’auteur de la fusillade a été arrêté. A cette heure, on parle de 4 ou 5 morts suite à la fusillade… La thèse d’un double attentat commence également à être évoquée.

La police norvégienne redoute que des explosifs aient été placés sur l’île. Ces craintes s’appuient sur des témoignages recueillis auprès de des participants au camp visé par la fusillade.

Certains des quelque 600 jeunes présents ont tenté de s’enfuir à la nage en se jetant à l’eau. Celui-ci leur a néanmoins tiré dessus alors qu’elles s’enfuyaient à la nage. »J’ai reçu un SMS qui disait: « Ca tire, je me cache » », a raconté le compagnon d’une des jeunes filles participant à l’université d’été.

A 22 heures, la police fait état de 10 morts et sept blessés sur l’île norvégienne.

Vers 23 heures, le Premier ministre annonce qu’un norvégien de 32 ans, Anders Behring Breivik, a été arrêté. Il a été entendu par la police.

Il déclare également que sept personnes sont mortes dans l’explosion d’une bombe près du siège du gouvernement et qu' »environ dix » autres sont gravement blessées. « Plusieurs de nos jeunes sont morts et plusieurs autres sont portés disparus », dit-il en évoquant la fusillade.

La police annonce ensuite que des explosifs non détonés ont été retrouvés sur l’île d’Utoeya. L’homme est vraiment lié aux deux attaques, selon les enquêteurs qui disent ne toujours pas savoir s’il a agi seul.

La Norvège s’éveille dans l’horreur

Samedi matin, le bilan fait état de 80 morts suite à la fusillade. Sept personnes ont été tuées et neuf autres grièvement blessées dans l’explosion de la bombe en plein coeur du quartier officiel d’Oslo.

Selon une télévision norvégienne (TV2), le suspect est proche des milieux d’extrême-droite et avait deux armes enregistrées en son nom. La police refuse toutefois de confirmer son identité.

Les Etats-Unis, l’Otan et l’Union européenne et de nombreux pays ont condamné l’explosion et adressé leurs condoléances.

La police lève l’instruction donnée à la population de se tenir à l’écart du centre-ville d’Oslo. « La situation dans le centre d’Oslo n’est plus chaotique et l’appel à se tenir à l’écart du centre-ville est levé », précisela police.

Le suspect est islamophobe et chrétien

Les éléments postés par le suspect sur internet laissent penser qu' »il a certains traits politiques penchant vers la droite et antimusulmans mais il est trop tôt pour dire si cela a été un motif pour son geste », déclare le commissaire de police Sveinung Sponheim.

Sur son profil Facebook, l’homme se décrit comme « conservateur », « chrétien », célibataire, intéressé par la chasse et par des jeux vidéo tels que « World of Warcraft » et « Modern Warfare 2 ».

Le bilan grimpe à 91 morts

Vers 10 heures samedi, la police norvégienne relève 91 le nombre de morts dans les deux attaques sanglantes perpétrées la veille à Oslo. Au moins 84 personnes sont mortes dans la fusillade et sept autres ont péri dans l’explosion d’une bombe.

Pour les besoins de l’enquête, la police refuse toujours de dévoiler le nom du suspect, identifié par les médias norvégiens comme étant Anders Behring Breivik. Les enquêteurs le tiennent responsable des deux attaques mais ils n’excluent pas de nouvelles arrestations.

Des rescapés de la fusillade, certains blessés, ont été rassemblés dans l’hôtel de Sundvollen, non loin de l’île. « Certains jeunes sont blessés, avec des problèmes aux jambes ou des coupures », précise un porte-parole de la police. « Leurs proches, leurs parents, leurs frères et soeurs sont ici et parlent de l’épisode d’hier », dit-il, en indiquant qu’ils étaient soutenus par des pasteurs et des psychologues.

Durant la nuit, Anders Behring Breivik, reconnait les faits qui lui sont reprochés. Les attaques étaient planifiées depuis « une longue période ». Il estime, selon son advocat, que son geste etait « cruel » mais nécessaire. Quelques heures plus tard, il affirme également avoir agi seul.

Quatre ou cinq personnes toujours portées disparues


Dans la nuit de samedi à dimanche, un mini sous-marin tente de retrouver d’autres corps aux abords de l’île où s’est déroulée la fusillade. Quatre ou cinq personnes sont toujours portées disparues.

Dimanche, un des blessés de la fusillade sur l’île d’Utoeya est décédé à l’hôpital, le bilan s’élève à 93 morts.

La peine maximale est de 21 ans de prison en Norvège, ce qui a conduit certaines voix à se prononcer sur internet pour un rétablissement provisoire de la peine de mort

Une minute de silence

La famille royale norvégienne, le chef de gouvernement et des milliers d’anonymes ont observé une minute de silence à midi précise en hommage aux 93 morts du carnage.

De la Bourse d’Oslo aux aéroports, le pays encore sous le choc s’est brièvement arrêté, de même que tous les trains du royaume.

Alignés sur le parvis de l’université d’Oslo, tout de noir vêtus, le roi Harald, son épouse, la reine Sonja, arrivés sous les applaudissements de la foule, et le Premier ministre, Jens Stoltenberg, se sont figés aux 12 coups de midi.

Par solidarité, les autres pays nordiques ont aussi appelé leurs citoyens à respecter une minute de silence.

Un bilan revu à la baisse

Lundi soir, le bilan est ramené à 76 morts par la police qui faisait auparavant état de 93 morts. Le nombre de morts dans la fusillade a été ramené à 68 contre 86 jusqu’à maintenant, des corps ayant été comptés plusieurs fois par erreur, et celui de l’attentat à la bombe contre le siège du gouvernement a été relevé à huit morts au lieu de sept.

Le Vif.be, avec Belga

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