Salah Abdeslam © AFP PHOTO / POLICE NATIONALE

Attentats à Paris: le point sur la traque d’Abdeslam et Abrini

Le Vif

Deux hommes activement recherchés 18 jours après les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts: l’enquête se poursuit, avec une nouvelle arrestation mardi. Où se cache le suspect numéro un des attentats de Paris, Salah Abdeslam, frère d’un kamikaze qui s’est fait exploser ?

Lundi, la chaîne américaine CNN affirmait qu’il aurait réussi à rallier la Syrie. « A ce jour, personne ne sait où il se trouve. Son départ en Syrie n’est qu’une des hypothèses de travail des enquêteurs », a expliqué à l’AFP une source policière.

« Il n’y a aucun élément apparu dans l’enquête » à ce sujet, a renchéri une source proche de l’enquête. De leur côté, les enquêteurs belges travaillent « comme s’il était toujours » en Belgique où sa trace a été perdue quelques heures après les attaques.

Également recherché: Mohamed Abrini, un Belgo-Marocain de 30 ans, filmé par une caméra de vidéosurveillance en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attentats du 13 novembre dans une station-service au nord de Paris alors qu’il conduisait une voiture utilisée dans les attaques.

Confiée à six juges d’instruction antiterroristes depuis le 24 novembre, l’enquête française s’attache à trouver tous les complices des dix jihadistes soupçonnés d’avoir pris part aux attentats.

Restent à ce jour à identifier quatre des huit kamikazes: un des trois de la salle de spectacle du Bataclan, deux du Stade de France et celui, soupçonné d’avoir fait partie du commando qui a mitraillé des terrasses de cafés, et qui, cerné par la police, s’est fait sauter le 18 novembre à Saint-Denis, au nord de Paris.

Les policiers ont arrêté mardi dans la banlieue ouest de Paris un proche de Jawad Bendaoud, le logeur d’Abdelhamid Abaaoud, l’organisateur présumé des attentats, tué dans l’assaut le 24 novembre d’un appartement où il se trouvait à Saint-Denis. En prison depuis vendredi, Jawad Bendaoud est pour l’instant le seul inculpé dans l’enquête française.

En Belgique, six personnes ont été inculpées et placées en détention provisoire, dont trois hommes, Hamza Attou, Mohammed Amri et Lazez A., soupçonnés d’avoir conduit Salah Abdeslam pendant sa cavale. Le degré d’implication des trois autres n’a pas été précisé par la justice belge.

Depuis quand Abdelhamid Abaaoud était-il en Europe? Son téléphone avait été repéré en janvier en Grèce. Après les attentats, un service non européen « ami » a prévenu les Français qu’il avait de nouveau « borné » dans ce pays en septembre. S’est-il mêlé au flot de migrants ou est-il entré par des voies plus classiques en utilisant un faux passeport? Les enquêteurs jugent peu probable qu’il ait pu se cacher deux mois en Belgique, où il est très connu. De même, sa brève cavale en France semble montrer qu’il n’y disposait pas de base de repli solide.

Abaaoud était-il programmé pour mourir ?

Autre question: Abaaoud était-il programmé pour mourir, devait-il initialement poursuivre ses actions? Dans un message de revendication, l’EI a évoqué huit assaillants. Sept sont morts le 13 novembre et Salah Abdeslam semblait destiné à se faire exploser. S’il avait voulu mourir en martyr, pourquoi Abaaoud ne s’est-il pas fait exploser quand il est revenu près du Bataclan, un « sur-attentat » qui aurait eu un retentissement énorme? De même, laisser des kalachnikov et des munitions dans la voiture Seat retrouvée en banlieue alors qu’il n’était pas poursuivi ne semble guère faire sens s’il voulait frapper de nouveau.

Fabien Clain, figure française du djihadisme, a lu le communiqué de revendication. En plus de la cellule de Verviers en Belgique, les services antiterroristes croient déceler la main d’Abaaoud derrière quatre actions. Il est peut-être le « Abou Omar » désigné à un juge par Sid Ahmed Ghlam, l’étudiant algérien soupçonné d’avoir voulu attaquer des églises dans la région parisienne au printemps.

Les attaques de Paris ont-elles été organisées par les plus hauts responsables de l’EI? Le nom d’Abou Mohammed al-Adnani a été évoqué. Ce porte-parole de l’EI fait indéniablement partie de ce qu’une source antiterroriste décrit comme le « comité de planification de l’EI ». Tout projet d’attaque en Europe recevra sa bénédiction. Mais intervient-il dans le détail opérationnel des attentats?

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