© Reuters

Attentat déjoué en France: l’un des suspects aurait un lien avec la Belgique

Le Vif

Une traque de six jours, deux hommes connus pour leur radicalisation, une possible volonté de perpétrer une « action violente (…) imminente », mais des cibles floues: le point sur l’enquête sur l’attentat déjoué en France cinq jours avant l’élection présidentielle. L’un des deux suspects aurait eu des liens avec un prédicateur tchétchène actif à Verviers.

– Qui sont les suspects? –

Les suspects, de nationalité française, Clément Baur, 23 ans, et Mahiedine Merabet, 29 ans, sont radicalisés et fichés S (sûreté de l’Etat) depuis 2016 et 2015.

Leurs premiers contacts remontent à 2015 lors d’un séjour en prison pour des faits de droit commun.

Le plus jeune s’est converti en 2007 au contact de Tchétchènes alors qu’il se trouvait à Nice (sud-est), selon le procureur de Paris François Molins, chargé des affaires de terrorisme, lors d’une conférence de presse.

Merabet a été condamné à 12 reprises entre 2004 et 2013 pour des faits de vol aggravé, violences, trafic de stupéfiant.

Leur parcours et leurs déplacements interrogent les enquêteurs. Selon le procureur, Clément Baur « n’a eu de cesse de changer de domiciliation et d’utiliser des alias ».

– Quel était leur projet?

Localisés mardi matin, les deux hommes ont été arrêtés à Marseille (sud) dans le cadre d’une enquête ouverte à Paris le 12 avril.

Lors d’une perquisition dans un « appartement conspiratif », les enquêteurs sont tombés sur un impressionnant arsenal: « un fusil-mitrailleur UZI 9 mm » et deux armes de poing, « des boîtes de munitions », « un sac de boulons » selon le procureur.

Ils ont aussi découvert « 3 kilos de TATP », un explosif instable prisé le groupe Etat islamique (EI) ainsi qu' »une grenade artisanale constituée de 250 grammes de TATP ».

Au mur étaient accrochés un plan de Marseille et des photos d' »enfants morts, victimes de guerre, de bombardements ou d’exactions ».

– Comment s’est déroulée la traque?

Le 5 avril 2017, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire visant Mahiedine Merabet sur la base d’éléments recueillis par la DGSI, les services de renseignement.

Le 7 décembre 2016 le domicile de Merabet à Roubaix (nord) avait été visée par une perquisition au cours de laquelle les policiers avaient découvert un drapeau de l’EI ainsi que de la documentation jihadiste, selon François Molins. L’occupant était alors absent de son domicile, mais s’y trouvait un homme, qui avait présenté une fausse identité et qui s’est avéré être Clément Baur.

Le 4 avril, Mahiedine Merabet a fait signe aux policiers en adressant au commissariat de Roubaix une enveloppe contenant un message en lettres manuscrites: « je vous donne ma carte d’identité et ma carte (bancaire) (…) Je vais bientôt me rendre on discutera (…), laissez moi tranquille, salut ».

Des renseignements émanant de la Grande-Bretagne étaient parvenus aux autorités françaises, selon une source proche de l’enquête. Mahiedine Merabet « cherchait à entrer en contact et à transmettre à l’organisation terroriste Etat islamique (EI) une vidéo d’allégeance ou de revendication », a expliqué le procureur.

Les enquêteurs mènent un travail de croisement téléphonique pour localiser les suspects et recueillent des témoignages de la famille de Merabet qui atteste de sa proximité avec Clément Baur.

Ils apprennent par le biais d’investigations « menées auprès d’une société de covoiturage » qu’ils « ont regagné Marseille de manière séparée en plusieurs trajets depuis Nancy (est) à la fin du mois de mars ». Des mandats de recherche sont délivrés contre eux.

Une vidéo interceptée le 12 avril dernier par la DGSI précipite les choses. Filmée sur une table sur laquelle est posée un fusil mitrailleur de type UZI, elle montre un drapeau de l’EI et « des dizaines de munition disposées afin d’écrire +la loi du talion+, la Une d’un quotidien » puis « apparaît un montage d’enfants victimes de bombardements, des photographies jihadistes et des versets coraniques appelant à la vengeance », a décrit le procureur.

Selon une source proche de l’enquête, le quotidien mis en scène est Le Monde daté du 16 mars. Ce jour-là, il faisait sa Une avec une photo de François Fillon, le candidat de droite à la présidentielle.

Selon une source proche de l’enquête, « ils cherchaient à impacter la période » de campagne électorale, mais aucun projet précis ciblant un candidat n’a été identifié à ce stade.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire