Gérald Papy

Attaques terroristes en Espagne : ne pas se résoudre à l’impuissance

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

La double attaque des Ramblas et de Cambrils suggère une opération longuement préparée et l’action d’un groupe structuré. L’horreur se répète, la cadre diffère.

Mêmes images d’horreur de vies fauchées par un véhicule fendant la foule : après Nice, Berlin, Stockholm, Londres…, c’est Barcelone qui ajoute son nom et son emblème de haut lieu touristique au lourd tribut que les Européens payent à la déferlante djihadiste. La deuxième opération terroriste de la nuit dernière menée à Cambrils, à 120 km au sud de la capitale catalane, incline cependant à penser que l’on est dans une autre configuration que l’acte d’un individu isolé, bien qu’ayant bénéficié d’un soutien logistique, qui caractérisait les précédentes attaques. L’enquête devra démontrer les éventuels liens entre les terroristes de Cambrils et ceux (ou celui) des Ramblas. Mais les premiers éléments connus mettent a priori en évidence une opération organisée et l’intervention d’un groupe structuré. La revendication rapide par l’Etat islamique du carnage de Barcelone conforte ce sentiment.

A ce stade, il est trop tôt pour identifier la nature du commando terroriste. Deux filières peuvent cependant être envisagées. L’une à travers le groupe de ressortissants espagnols ayant décidé d’aller faire le djihad sur le front irako-syrien (quelque 700 individus). Il s’agirait alors de la première opération en Europe de cette nouvelle vague de returnees dont les services de renseignement européens redoutent les actions depuis l’effondrement des bastions de l’Etat islamique à Mossoul et, dans une moindre ampleur, à Raqqa. L’autre filière possible puiserait ses racines dans les liens de longue date entre les radicalisés musulmans de Catalogne et les mouvements islamistes extrémistes au Maroc, un peu sur le modèle d’ailleurs des foyers radicaux en Belgique. Les développements de l’enquête accréditeront l’une ou l’autre hypothèse dans les prochains jours. Quoi qu’il en soit, c’est le scénario d’une attaque commanditée, soutenue ou préparée de l’extérieur avec une base d’exécutants bien implantés localement qui doit être privilégié à cette heure.

Comme lors d’autres attentats, un sentiment d’impuissance domine au lendemain du drame des Ramblas de Barcelone : comment parvenir à prévenir une attaque au véhicule-bélier contre une foule présente dans un lieu ouvert ? Il ne faut pas négliger pour autant l’efficacité dont ont fait preuve les forces de sécurité espagnoles en maîtrisant le commando de terroristes de Cambrils qui auraient pu faire davantage de morts encore.

Il n’en demeure pas moins que, treize ans après les attentats d’Atocha à Madrid qui avaient en quelque sorte inauguré la série des attaques d’inspiration djihadiste en Europe, la menace reste majeure. Elle a évolué; elle utilise de nouvelles armes; mais elle continue à tuer, à susciter la sidération et à provoquer des traumatismes dans les sociétés européennes. Et Barcelone n’en est sans doute pas la dernière traduction sanglante.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire