Attaque sanglante de l’EI en Syrie

Le Vif

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a enlevé au moins 400 civils, dont des femmes et des enfants, après un assaut sur la ville de Deir Ezzor en Syrie où il a tué samedi au moins 135 personnes, a rapporté une ONG dimanche.

« Après son assaut samedi sur la ville de Deir Ezzor, l’EI a enlevé au moins 400 civils dans sa banlieue d’Al-Bgheliyeh, dont il a pris le contrôle, et dans d’autres régions situées à proximité », a précisé M. Abdel Rahmane. Parmi les personnes enlevées, toutes de confession musulmane sunnite comme l’EI, « figurent des femmes, des enfants, des familles ainsi que des combattants pro-régime », a-t-il précisé. Elles ont été emmenées vers d’autres régions sous contrôle des jihadistes dans l’ouest de la province du même nom ainsi que dans la province voisine de Raqa, a ajouté le chef de l’OSDH.

Samedi, l’EI a lancé une offensive d’envergure sur plusieurs secteurs de la ville de Deir Ezzor, prenant le contrôle d’Al-Bgheliyeh (nord-est), où ils ont tué au moins 85 civils et 50 combattants prorégime, la plupart exécutés, selon l’OSDH. L’agence de presse officielle syrienne Sana, citant des habitants a dénoncé un « massacre » et parlé de « 300 civils tués ». Si ce bilan était confirmé, il serait l’un des plus élevés pour une seule journée dans la guerre déclenchée en mars 2011.

Selon l’OSDH, l’offensive a permis à l’organisation jihadiste d’avancer dans le nord de la ville de Deir Ezzor et d’en contrôler environ 60%. Dimanche matin, des combats intermittents opposaient les forces du régime à l’EI dans le nord-ouest de la ville, alors que la banlieue d’Al-Bgheliyeh a été la cible de raids aériens nocturnes de l’aviation de la Russie, alliée du régime, selon l’OSDH. Le régime contrôle toujours des portions de Deir Ezzor ainsi qu’un aéroport militaire à proximité, malgré les attaques répétées de l’EI.

Sept fronts

En difficulté l’été dernier, les forces de Bachar al-Assad ont repris l’offensive depuis le début le 30 septembre de l’intervention de la Russie, fidèle allié de Damas, qui a depuis mené des milliers de frappes aériennes. Dans la province d’Alep (nord), au moins 16 combattants de l’EI ont été tués samedi dans une attaque avortée contre une position du régime près de la ville d’Al-Bab, a indiqué l’OSDH.

La télévision d’Etat syrienne a également rapporté que les forces du régime avaient repoussé une offensive dans la région. Selon l’OSDH, des avions russes effectuaient des frappes dans la région entre l’aéroport militaire de Koueiris, contrôlé par le régime, et Al-Bab, dans le nord-est de la province.

Au cours des derniers jours, les forces prorégime ont progressé vers Al-Bab, un bastion de l’EI, en reprenant plusieurs villages aux alentours. Elles se trouvent désormais à moins de dix kilomètres de cette ville, une distance qu’elles n’avaient plus atteinte depuis 2012. Située à 30 km au sud de la frontière turque, Al-Bab est tombée aux mains des rebelles en juillet 2012 puis de l’EI en novembre 2013. Les combattants prorégime tentent notamment de couper l’accès des rebelles à Alep, la deuxième ville de Syrie, qui est divisée entre quartiers ouest contrôlés par le gouvernement et quartiers est sous contrôle rebelle.

« A travers cette opération, l’armée tente d’élargir sa zone de sécurité autour de la ville » d’Alep, et d’empêcher les rebelles de se réapprovisionner depuis les environs, a expliqué à l’AFP une source de sécurité.

Selon un commandant des forces progouvernementales, le régime se bat actuellement sur sept fronts différents dans la province d’Alep.

‘Couper le territoire’

Le régime espère aussi affaiblir l’EI qui contrôle une partie de la province d’Alep, voisine de celle de Raqa, dont le chef-lieu est la capitale de facto du groupe jihadiste. « Les forces du régime ont un plan précis pour couper le territoire que contrôle l’EI dans la province d’Alep de celui qu’il contrôle à Raqa », a souligné Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH. Dans la ville de Raqa, « au moins 16 personnes ont été tuées, dont des civils, et 30 ont été blessées dans huit raids qui ont visé des quartiers de la ville et ses alentours », a-t-il ajouté, sans préciser si les frappes ont été menées par l’aviation russe ou la coalition internationale menée par Washington.

Depuis le début en mars 2011 de la guerre civile en Syrie, devenue de plus en plus complexe avec une multiplication des acteurs, 260.000 personnes sont mortes et des millions ont été poussées à la fuite.

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