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Attaque au couteau à Paris: le parcours de Khamzat Azimov

Le Vif

Visage juvénile sous une barbe noire, il était né en Tchétchénie avant de venir en France avec sa famille: Khamzat Azimov, 20 ans, l’auteur de l’attaque au couteau à Paris, était sur les radars des services de renseignement mais son parcours de radicalisation reste flou.

Il a entamé sa déambulation violente samedi vers 20H40 (18h40 GMT), attaquant des passants au hasard dans les rues dans le quartier très touristique de l’Opéra, en plein centre de Paris. En moins de 20 minutes, il a tué un homme de 29 ans et blessé quatre personnes avant d’être abattu par la police. L’attaque a été revendiquée quelques heures plus tard par le groupe État islamique (EI).

« Il avait une barbe pas très longue, était habillé normalement. Il ne correspondait pas au stéréotype » du jihadiste, a raconté à l’AFP Romain, un témoin qui l’a entendu dire « Allah Akbar deux fois, tout doucement » au milieu de la panique ambiante.

« Je le voyais avec un couteau dans la main, les mains pleines de sang, il frappait sur les commerces » dans la rue, a relaté Jonathan, serveur dans un restaurant coréen du quartier, qui résume : « Il avait l’air fou ».

Cheveux bruns, barbe broussailleuse, Khamzat Azimov était habillé d’un pantalon de jogging noir au moment des faits, selon une source proche du dossier.

Né en novembre 1997, il a fui avec sa famille son pays natal, la Tchétchénie, petite république musulmane russe du Caucase ravagée par deux guerres depuis les années 1990 qui ont donné naissance à une rébellion islamiste, source importante de combattants dans les rangs des groupes jihadistes en Syrie et en Irak.

Réfugié en France, il a grandi à Strasbourg (est), dans le quartier populaire d’Elsau où vit une importante communauté tchétchène, selon une source proche du dossier. Dimanche, un ami né comme lui en 1997 a été arrêté et placé en garde à vue à Strasbourg.

Fiché pour radicalisation

Khamzat Azimov a été naturalisé français en 2010, à 13 ans, en même temps que sa mère.

Ses deux parents, qui ont été interpellés et placés en garde à vue dimanche matin, vivaient à Paris avec leur fils et leur fille de 7 ans. Leur domicile, un hôtel meublé parisien à la façade défraîchie, a été perquisitionné dimanche à l’aube.

Évoquant une famille « vraiment discrète », qui « n’était pas dans l’ostentation au niveau religion », l’une des gérantes de l’établissement a décrit Khamzat Azimov comme un « garçon souvent habillé en survêtement » qui « disait qu’il était étudiant ».

Une voisine abonde, parlant d’une « famille très discrète, sans problème » qui « ne recevait jamais personne ». Le jeune homme n’était « pas un caïd, mais quelqu’un de réservé », dit-elle.

« Cela fait un peu plus d’un an qu’ils vivaient là », estime pour sa part Reda, 42 ans, un client de l’hôtel. « Le papa travaillait des fois, plutôt dans le bâtiment, la peinture. La maman travaillait dans une association de sans-abri », assure-t-il.

Quelques heures après l’attaque, le parcours de radicalisation de ce jeune homme restait encore flou. S’il n’avait pas d’antécédent judiciaire, il figurait en revanche depuis 2016 sur le fichier « S » des services du renseignement français. Ce fichier regroupe plus de 10.000 personnes, dont pour moitié environ des islamistes radicaux ou des individus pouvant avoir un lien avec la mouvance terroriste.

Khamzat Azimov avait également été inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste, mais « plutôt » en raison de « ses relations » que de « son propre comportement, ses agissements et prises de position », selon une source proche du dossier.

Le jeune homme avait été « entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle car il connaissait un homme lui-même en lien avec quelqu’un parti en Syrie », a indiqué une source proche de l’enquête.

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