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Atlantropa, le projet fou d’assécher la Méditerranée pour créer un continent euro-africain

Muriel Lefevre

Dans les années 1920 l’architecte Herman Sörgel imagine assécher la mer Méditerranée pour créer un nouveau continent qui fusionnerait l’Afrique et l’Europe: l’Atlantropa.

Le 1er mars 1928, l’architecte allemand Herman Sörgel propose un projet qui prévoit de construire un immense barrage au niveau du détroit de Gibraltar. Ce barrage aurait eu le double « avantage » de produire énormément d’électricité tout en permettant d’assécher progressivement la Méditerranée. 20% dans un premier temps ce qui aurait permis de gagner 233 000 km2 de friches, soit un territoire correspondant à la Roumanie.

Le projet prévoyait également de construire un second barrage entre la Sicile et la Tunisie. Ces deux barrages – plus l’électricité fournie par deux barrages sur le fleuve Congo et la création d’une mer au Congo et au Tchad – devaient fournir assez d’énergie à l’Europe pour que celle-ci soit autosuffisante d’un point de vue énergétique. L’architecte prévoyait aussi l’irrigation massive du Sahara pour le rendre habitable.

Atlantropa, le projet fou d'assécher la Méditerranée pour créer un continent euro-africain
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Tout cela aurait permis à des millions d’Européens de s’installer dans cette nouvelle zone au sud de l’Europe. Le fait que l’Afrique soit à la disposition des Européens ne choquait personne dans cette époque marquée par le colonialisme. Sörgel était persuadé que son projet pouvait résoudre les problèmes de chômages, de surpopulation et d’énergie que le continent européen connaissait alors. Ne croyant guère en la politique, il élabore alors un projet purement technologique qui va séduire un large auditoire. En effet, si son projet peut sembler absurde aujourd’hui, il obtint tout de même le soutien de nombreux architectes et ingénieurs. Mais aussi de la presse qui lui consacra des centaines d’articles. Le vaste fonds d’archives « Atlantropa » du Deutsche Museum de Munich est là pour le prouver. Plus inquiétant encore: il fut pris très au sérieux par de nombreux États et même les Nations unies. Par ailleurs, les pays auraient dû investir un tel budget dans ce projet pharaonique qu’ils n’auraient plus pu financer des guerres. De quoi séduire les pacifistes de l’époque.

Sörgel passa toute sa vie à promouvoir à travers de nombreuses conférences son projet de fusion entre l’Europe et de l’Afrique, espérant convaincre les dirigeants en provoquant l’engouement populaire. Il n’hésita pas non plus à le proposer à de nombreux dirigeants politiques, dont Hitler. Mais celui-ci visant l’expansion vers l’Est ne s’intéressa pas plus que les autres à une réalisation concrète du projet.

Comme le fait remarquer The Independent, il est interpellant de constater qu’aujourd’hui on est confronté au phénomène inverse que celui imaginé par Sörgel. Soit ces populations qui fuient l’Afrique et le Moyen-Orient vers l’Europe. Or ce qui paraissait le plus utopique à l’époque n’était pas ledit projet, mais une réelle coopération entre les pays et une paix durable en Europe. Si l’Union européenne a bel et bien reçu le prix Nobel de la paix pour sa contribution à une paix durable en Europe en 2012, elle semble, depuis la crise des migrants, replonger dans d’impossibles dissensions. Au point que certains pensent aujourd’hui que « l’unité européenne est encore plus utopique que les plans de Sörgel pour drainer la méditerranée ».

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