Ashraf Ghani. © Reuters

Ashraf Ghani, nouveau président d’Afghanistan, convie les talibans à la paix

Le nouveau président afghan Ashraf Ghani a appelé lundi les talibans à la paix en succédant à Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé l’Afghanistan depuis l’intervention occidentale de 2001, consacrant ainsi la première transition démocratique de l’histoire d’un pays toujours déchiré par la guerre à l’approche du retrait de l’Otan.

« Aujourd’hui, après 13 ans à la tête du gouvernement, je suis fier de transférer le pouvoir à un nouveau président », a déclaré lors d’une cérémonie officielle M. Karzaï, après avoir vécu au plus près la « longue guerre » toujours en cours des Etats-Unis contre les talibans. « Nous demandons aux opposants, et plus spécifiquement aux talibans et au Hezb-e-Islami, d’entamer des pourparlers politiques », a déclaré M. Ghani, 65 ans, un ex-cadre de la Banque mondiale et ancien ministre des Finances dans le premier gouvernement de Hamid Karzaï, qui tente de stabiliser le pays.

« Pour chacun des griefs des talibans, nous trouverons une solution… Nous demandons aux villageois de demander la paix et aux imams de conseiller les talibans, et s’ils n’écoutent pas, de couper les ponts avec eux », a ajouté M. Ghani peu après son assermentation accueillie par un nouvel attentat meurtrier des insurgés. « Un kamikaze s’est fait exploser près de l’aéroport tuant quatre personnes et en blessant deux », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police de la capitale, placée sous haute surveillance pour cette investiture suivie par des dignitaires venus des Etats-Unis, mais aussi de Chine, d’Inde et du Pakistan, des puissances régionales. Le kamikaze « visait des soldats afghans et étrangers », a indiqué le porte-parole officiel des talibans, Zabiullah Mujahid, en revendiquant ce nouvel attentat dans la capitale.

L’ex-président Karzaï avait convié à de nombreuses reprises les rebelles islamistes à des pourparlers de paix afin de stabiliser le pays au terme de la mission des forces de l’Otan qui prend fin cette année. Mais les insurgés avaient chaque fois refusé de prendre langue directement avec M. Karzaï, qu’ils accusaient d’être une « marionnette » de Washington. Or les talibans ont récemment qualifié M. Ghani « d’employé » des Etats-Unis, laissant présager des relations houleuses entre le pouvoir et les insurgés. Surtout que l’investiture de M. Ghani ouvre la voie à la signature, prévue mardi, d’un accord autorisant le maintien d’une force résiduelle de 12.500 soldats étrangers pour épauler et former les forces afghanes après le retrait, d’ici la fin de l’année, de l’essentiel des 41.000 militaires de l’Otan. Les talibans s’opposent mordicus au maintien de cette force résiduelle et exigent le départ de l’ensemble des soldats étrangers comme condition au dialogue.

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