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Armes, trafics, groupes armés: les zones tribales du Pakistan

Le Vif

Un jour décrites par Barack Obama comme « l’endroit le plus dangereux au monde », les zones tribales du Pakistan, où les lois du pays ne s’appliquent pas, sont considérées comme un refuge pour groupes armés, dont les talibans et Al-Qaïda.

Ce territoire montagneux et semi-autonome, encore régi par des lois datant de la domination britannique et par le code d’honneur tribal, va enfin rentrer dans le giron des institutions et lois fédérales, après l’adoption jeudi par les députés pakistanais d’une loi en ce sens.

– Quand ont-elles été créées ? –

Les « zones tribales administrées fédéralement » (FATA) comprennent sept territoires du nord-ouest du Pakistan, à la frontière de l’Afghanistan, dans lesquels vivent environ cinq millions d’habitants, en large majorité membres de l’ethnie pachtoune.

Créées sous l’Empire britannique afin d’apaiser les redoutables guerriers pachtounes, qui résistaient férocement à toute tentative de colonisation, elles ont principalement servi de zone tampon entre le Pakistan et l’Afghanistan.

Les zones tribales sont réputées pour la disponibilité des armes à feu et pour leurs trafics divers, notamment de drogues comme le haschisch ou l’opium, cultivés tant dans les FATA qu’en Afghanistan.

– « Sans lois » ? –

Les Britanniques ont établi en 1901 un Code juridique frontalier, qui dotait les dirigeants des zones tribales – nommés par l’Empire – de pouvoirs considérables, dont celui de punir collectivement des clans entiers pour les crimes d’un seul membre.

Le mode de gouvernance est resté inchangé après la création du Pakistan en 1947 – afin de persuader les « hommes des tribus » de soutenir le nouveau pays avec la promesse d’une grande autonomie.

Celle-ci, réelle, s’est assortie d’un manque cruel de financements, qui a retardé fortement le développement des zones tribales par rapport au reste du pays et a créé un terreau propice pour les groupes armés.

Les FATA ont servi de base pour les opérations de la CIA, qui ont utilisé des moudjahidines contre l’Union soviétique après son invasion de l’Afghanistan en 1979. Elles ont attiré des combattants islamistes du monde entier, dont certains ont fini par former la colonne vertébrale d’Al-Qaïda.

– Un refuge pour groupes armés ?-

Après les attentats du 11 septembre 2001, talibans et autres combattants d’Al-Qaïda venus d’Afghanistan se sont installés en nombre dans les zones tribales. Le mouvement Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, y a aussi émergé.

L’insurrection sanglante du TTP au Pakistan a conduit l’armée pakistanaise à mener plusieurs offensives dans les FATA. Des drones américains ont souvent frappé ces territoires, suscitant la colère du Pakistan.

Islamabad affirme que plus aucun groupe armé n’y subsiste. L’armée pakistanaise a commencé à ériger une clôture tout au long de sa frontière poreuse avec l’Afghanistan pour empêcher toute pénétration de combattants étrangers sur son territoire.

L’administration américaine affirme pourtant que des groupes armés continuent de trouver refuge dans les zones tribales, d’où ils mènent des attaques contre les forces afghanes et de l’Otan actives de l’autre côté de la frontière.

Le vote sur le changement de statut des FATA intervient alors qu’un vaste mouvement de défense des droits des Pachtounes a émergé au début de l’année, qui accuse la puissante armée pakistanaise d’opprimer les siens et de soutenir certains groupes extrémistes.

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