Bachar al-Assad et Vladimir Poutine © Reuters

Armes chimiques: la Russie a « cloué le cercueil » des enquêtes en Syrie

Le Vif

La Russie a écarté toute idée occidentale de poursuite des enquêtes internationales sur l’utilisation des armes chimiques en Syrie, au moment où le président russe Vladimir Poutine recevait son homologue syrien Bachar al-Assad, selon des diplomates.

Lors de consultations lundi soir, la Russie a « définitivement cloué le cercueil » du groupe d’experts de l’ONU et de l’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) en rejetant une initiative de la Suède pour prolonger son mandat qui a expiré vendredi soir, a précisé l’un de ces diplomates sous couvert d’anonymat.

Ces derniers jours, les spéculations allaient bon train parmi les diplomates, certains rejetant l’idée d’une fin de mandat vendredi, d’autres affirmant que la mission du groupe appelé JIM avait été mise « au frigo, voire au congélateur ».

Ce groupe d’une trentaine d’experts répartis entre New York et La Haye, où siège l’OIAC, avait encore sur sa table de travail une soixantaine de cas d’emploi présumé d’armes chimiques en Syrie à étudier.

Le mandat du JIM s’est achevé après trois veto de la Russie à des projets de résolutions. Les premiers visaient à une prolongation d’un an de ce groupe créé en 2015 à l’initiative des Etats-Unis et de la Russie. Le dernier texte ne prévoyait plus qu’un mois, un temps qui pouvait être mis à profit par Moscou et Washington pour combler leurs divisions.

Le dernier rapport du JIM, mettant en cause la responsabilité du régime de Bachar al-Assad dans une attaque au gaz sarin le 4 avril à Khan Cheikhoun (plus de 80 morts), a précipité la disparition du groupe. Moscou a dénoncé une enquête mal faite et réclamé un changement profond de méthode pour renouveler le mandat des enquêteurs. Washington a apporté au contraire son soutien au groupe et refusé, avec une majorité de membres du Conseil de sécurité, les conditions posées par la Russie.

« Nous n’allons pas juste laisser le JIM se faire tuer sans rien avoir pour le remplacer », a déclaré mardi l’ambassadeur britannique à l’ONU, Matthew Rycroft. « Même si nous n’avons plus le JIM, nous avons besoin de quelque chose qui examine les rapports de l’OIAC et détermine qui est responsable pour chaque utilisation d’une arme chimique en Syrie ». « Il faut s’assurer qu’il y ait une justice pour les victimes, les survivants et leurs familles », a-t-il insisté.

En deux ans, le JIM a conclu que les forces syriennes, outre l’affaire de Khan Cheikhoun, avaient été responsables d’attaques au chlore dans trois villages en 2014 et 2015 et que le groupe jihadiste Etat islamique avait utilisé du gaz moutarde en 2015.

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