Alberto Nisman © AFP

Argentine: le suicide du procureur Nisman tourne au polar

La présidente argentine Cristina Kirchner, mise en cause par le procureur Alberto Nisman, a affirmé jeudi ne pas croire au suicide du magistrat et a dénoncé un complot contre le gouvernement. Et ce, alors que le mystère autour de la mort d’Alberto Nisman s’épaissit.

Dans la nuit du 18 janvier, Alberto Nisman, le procureur en charge de l’enquête depuis 2004, a été retrouvé mort, une balle dans la tempe et un pistolet calibre 22 à ses côtés, dans la salle de bains de son appartement de Puerto Madero, un quartier chic de la capitale argentine. Les causes de la mort n’étaient pas connues. La semaine dernière, Alberto Nisman avait demandé l’ouverture d’une enquête pour entrave contre Mme Kirchner. Il la soupçonne d’avoir freiné l’enquête pour épargner l’Iran, dont des hauts fonctionnaires sont recherchés par la justice argentine. En 1994, deux ans après un attentat contre l’ambassade d’Israël à Buenos Aires, une explosion criminelle avait ravagé le bâtiment de la mutuelle juive AMIA, tuant 85 personnes et faisant 300 blessés, dans le centre de Buenos Aires. Le président de l’époque, Carlos Menem (1989-1999), est également soupçonné d’avoir empêché l’enquête d’aboutir.

Kirchner est convaincue que ce n’est pas un suicide

« Le suicide (j’en suis convaincue) n’a pas été un suicide », a-t-elle écrit dans une lettre publiée sur son compte Facebook, à propos de la mort du procureur, qui venait de l’accuser, ainsi que son ministre des Affaires étrangères Hector Timerman, d’avoir entravé l’enquête sur l’attentat contre la mutuelle juive AMIA en 1994.

Après avoir évoqué un suicide mardi, la présidente de centre-gauche laisse entendre que M. Nisman a été victime d’une opération d’agents des services de renseignement restés loyaux au patron du renseignement argentin, Antonio Stiusso, démis de ses fonctions en décembre. Pour Cristina Kirchner, M. Nisman a été manipulé et, sur la base de fausses informations qui lui ont été communiquées, il a accusé le gouvernement argentin de protéger l’Iran de toute mise en cause dans l’enquête sur l’attentat de l’AMIA, pour préserver les relations commerciales entre les deux pays. « Ils l’ont utilisé vivant et ensuite, ils avaient besoin de lui, mort. C’est triste et terrible », a-t-elle écrit dans sa lettre publiée sur Facebook.

« Non seulement l’accusation de Nisman s’effondre, mais elle constitue un véritable scandale politique et judiciaire », considère la présidente, dont le second mandat s’achève fin 2015. Mme Kirchner assure que « la véritable opération contre le gouvernement est la mort du procureur après avoir accusé la présidente, le ministre des Affaires étrangères et le secrétaire général de la Campora (Mouvement politique pro-Kirchner, ndlr) d’avoir couvert les Iraniens accusés pour l’attentat terroriste de l’AMIA ».

Le mystère s’épaissit

Selon le quotidien La Nación « Au fur et à mesure que les jours passent, au lieu d’en savoir plus, on en sait moins ». Petit topo de ce qui est paru dans les médias : D’après les enquêteurs on n’a pas retrouvé de présence de poudre sur les mains du décédé. La porte de service n’aurait pas non plus été fermée de l’intérieur. L’arme est celle de l’un de ces collaborateurs, or Nisman avait une arme personnelle, un calibre 38, plus létale que l’arme utilisée, un calibre 22. Ce calibre 22 est également très prisé par les services de renseignements toujours selon La Nación. Par ailleurs une ambulance appelée sur les lieux n’a pas pu se rendre sur les lieux. Et surtout, personne ne sait dire avec exactitude où étaient les 10 agents chargés de la protection du procureur.

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