Le roi Salmane © AFP

Arabie saoudite: Le nouveau roi Salmane prône la continuité

Le roi Abdallah d’Arabie saoudite est décédé vendredi après avoir régné de facto pendant 20 ans sur la première puissance pétrolière mondiale, et son demi-frère le prince Salmane, 79 ans, lui a aussitôt succédé sur le trône. Il souffre néanmoins de problème de santé.

Abdallah, âgé d’environ 90 ans, a été enterré dans l’après-midi à Ryad après la prière à la mosquée Imam Turki en présence de dignitaires arabes et étrangers dont le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, les dirigeants du Soudan et d’Ethiopie ainsi que des chefs d’Etat du Golfe. La dépouille recouverte d’une étoffe jaune a été transportée sur un brancard porté par des membres de la famille royale et déposée à même le sol avant qu’un responsable religieux n’entame la prière par Allah Akbar (Dieu est grand). Elle a ensuite été inhumée dans le cimetière voisin.

Le palais royal a annoncé vendredi dans un communiqué le décès à 01H00 locales d’Abdallah et la nomination du prince héritier Salmane, 79 ans, comme son successeur. Souffrant d’une pneumonie, le roi défunt était hospitalisé depuis le 31 décembre et son état de santé avait nécessité la mise en place d’un tube pour l’aider à respirer. Aussitôt après l’annonce de son décès, des dirigeants du monde entier ont rendu hommage à l’action de celui qui aura réussi à maintenir la stabilité du premier pays exportateur de brut, même si sa politique en matière des droits de l’Homme reste critiquée par les organisations non gouvernementales.

Pas de changement

Allié de Washington et des Occidentaux dans la lutte antijihadistes, Abdallah a officiellement gouverné le royaume ultraconservateur sunnite pendant une décennie mais il en tenait en réalité les rênes depuis l’attaque cérébrale dont avait été victime son demi-frère, le roi Fahd, en 1995. Dans son premier discours, le nouveau roi Salmane, qui souffre de problèmes de santé, a déclaré qu’il n’y aurait pas de changement de politique. « Nous resterons, avec la force de Dieu, sur le chemin droit que cet Etat a suivi depuis sa création par le roi Abdel Aziz ben Saoud et ses fils après lui ». Il a en outre annoncé dans un décret royal la nomination de Mohammed ben Nayef comme futur prince héritier et de l’un de ses fils, le prince Mohammed, comme ministre de la Défense. Après les funérailles du roi, les citoyens saoudiens seront invités à prêter allégeance au nouveau roi et au prince héritier Moqren, demi-frère d’Abdallah, au palais royal. Alors que le royaume tente de réaffirmer son leadership sur un marché pétrolier mondial en plein changement, le décès du roi a entraîné un sursaut en Asie des cours du brut mais à New York les prix ont ouvert en baisse, apaisées par la déclaration du nouveau roi sur une continuité dans la politique de son prédécesseur. Le royaume défend fermement le maintien à son niveau actuel de la production pétrolière de l’Opep, au risque de voir s’accélérer la chute des prix du brut (-50% depuis juin). Outre son poids pétrolier, Abdallah exerçait une très forte influence sur la politique régionale. Face à l’influence grandissante des groupes islamistes, Ryad a soutenu l’actuel président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et a joué par ailleurs un rôle clé dans le soutien à l’opposition au régime syrien, autorisant l’entraînement par l’armée américaine de rebelles sur son territoire.

Insensible aux droits de l’Homme

Mais Abdallah a aussi déçu les attentes des réformateurs, notamment sur la liberté d’expression ou la place de la femme dans la société, qui ne peut toujours pas conduire. Amnesty International a dénoncé un régime « insensible aux droits de l’Homme » et accusé l’Occident de couvrir cette politique en raison du poids pétrolier du royaume et de son soutien dans la lutte antijihadistes. Principaux partenaires dans cette lutte, le président français François Hollande ainsi que le vice-président américain Joe Biden prévoient de se rendre en Arabie saoudite pour présenter leurs condoléances. Le prince Charles d’Angleterre et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif y sont aussi attendus. Le président américain Barack Obama a été l’un des premiers à saluer la mémoire d’un « ami précieux » et d’un dirigeant « sincère ». Son homologue russe Vladimir Poutine a loué un « homme politique sage et un dirigeant qui jouissait de l’amour et du respect de ses sujets ». Et le Premier ministre canadien Stephen Harper a salué « un ardent défenseur de la paix ».

Dans ce pays, qui a vu naître l’islam en 622 et abrite les deux principaux lieux saints musulmans à La Mecque et Médine, de nombreux Saoudiens se sont tournés vers les réseaux sociaux pour exprimer leur tristesse. « Nous n’avons pas perdu un roi, nous avons tous perdu un père », a regretté sur Twitter une personne nommée Chaïma.

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