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Après sa défaite face à Sanders, Hillary Clinton doit rebondir

Au lendemain de sa défaite sans appel face à Bernie Sanders, Hillary Clinton, en difficulté dans la course à la Maison Blanche, va devoir rebondir pour éloigner le spectre de la déroute de 2008 face à Barack Obama.

Le revers du New Hampshire était annoncé mais son ampleur a marqué les esprits: 20 points d’écart à l’arrivée en faveur du sénateur « démocrate-socialiste » de 74 ans dont l’entrée en campagne il y a neuf mois avait été accueillie avec un haussement d’épaules. Au-delà de l’arithmétique pure, cette soirée, qui a aussi vu la large victoire de Donald Trump chez les républicains, pourrait ternir l’image de l’ex-secrétaire d’Etat et raviver le débat récurrent sur son incapacité à susciter l’adhésion et l’enthousiasme.

L’ancienne First Lady a promis de se battre « pour chaque vote, dans chaque Etat » afin de porter les couleurs démocrates lors de l’élection présidentielle du 8 novembre.

Mais l’analyse des résultats n’a rien de rassurant pour la candidate: selon les sondages sortie des urnes dans le New Hampshire, les femmes ont voté à 55% pour Bernie Sanders. Or lors de sa victoire dans ce même Etat face à Barack Obama il y a huit ans, elle s’était largement appuyée sur cette partie de l’électorat. Dans le camp Clinton, on répétait au lendemain de ce scrutin difficile que des jours meilleurs étaient à venir.

De fait, la partie s’annonce plus aisée lors des prochaines étapes du marathon des primaires: Nevada (20 février) et surtout Caroline du Sud (27 février) où tous les sondages donnent la candidate largement en tête.

Et sa popularité parmi les minorités noires et hispaniques pourrait être une solide base pour le mois de mars, durant lequel 28 Etats représentant plus de 50% des délégués démocrates se rendront aux urnes.

Conscient de son handicap, Bernie Sanders a multiplié les gestes envers la communauté noire. Il a rencontré des responsables du mouvement « Black Lives Matter », né de la colère suscitée par les violences policières, fait un détour par Flint, une ville dont l’eau empoisonnée au plomb a particulièrement affecté les enfants noirs et pauvres. Ce mercredi, il s’est rendu à Harlem pour y rencontrer le révérend Al Sharpton, une figure du mouvement de défense des droits des Noirs.

Autre espoir du camp Clinton: que les médias scrutent avec un oeil plus critique les propositions de Sanders, qui a bénéficié jusqu’ici à plein du statut d’outsider.

Dans une récente interview, Barack Obama soulignait que son ancienne secrétaire d’Etat avait entamé la campagne 2016 « avec le privilège et le handicap d’être perçue comme la favorite ». Et il avait reconnu qu’en 2008 les médias avaient parfois été « un peu injustes » à l’égard de cette dernière, lorsqu’il occupait lui-même le statut de « candidat qui crée la surprise ».

Dans le camp républicain, le milliardaire Donald Trump affichait mercredi sa confiance pour les semaines et mois à venir après sa large victoire.

« Il y a sept mois, je suis devenu un homme politique. (…) Je n’avais jamais fait cela avant mais je suis de plus en plus à l’aise dans ce nouveau rôle », a lancé sur ABC le magnat de l’immobilier. Et, comme pour mieux se placer loin au-dessus de la mêlée, il a refusé de désigner son principal adversaire. « Ils ont du talent, ils ont été gouverneurs, sénateurs (…) Mais je pense que mon message est tout simplement meilleur que le leur ». Derrière lui, c’est pour l’heure le chaos.

La sénateur de Floride Marco Rubio, qui pensait s’être imposé comme le candidat de l’establishment après sa performance dans l’Iowa, a déchanté avec un piteuse 5e place dans la foulée d’un débat catastrophique où ses rivaux ont raillé ses formules toutes faites répétées en boucle.

Le gouverneur modéré John Kasich a créé la surprise en arrivant deuxième. Le sénateur ultra-conservateur du Texas Ted Cruz, gagnant de l’Iowa, est arrivé 3e à 12%, talonné par l’ancien gouverneur de Floride Jeb Bush.

Ce dernier, doté d’une puissance financière supérieure à ses rivaux, est toujours dans la course en dépit de démarrages difficiles. « Cette campagne n’est pas morte », a-t-il lancé devant ses équipes.

Si tout pronostic apparaît hasardeux dans le camp républicain, les cartes pourraient encore être rebattues, si l’ancien maire de New York Michael Bloomberg décidait, comme il l’a évoqué, de se lancer comme indépendant.

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