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Après le séisme en Italie, la vie tente de s’organiser

Le Vif

L’heure est désormais plus au déblaiement qu’aux secours dans les villages frappés par le séisme qui a fait au moins 291 morts dans le centre de l’Italie, où la lassitude gagne 2.500 rescapés sans abri et sans certitude pour l’avenir.

Le pape François, qui s’était montré particulièrement bouleversé le matin du drame, a annoncé dimanche sa volonté de se rendre « dès que possible » dans les zones touchées. « J’espère venir vous trouver pour vous apporter personnellement le réconfort de la foi, la tendresse d’un père et d’un frère et le soutien de l’espérance chrétienne », a-t-il déclaré à l’attention des sinistrés.

Alors que la recherche des victimes est presque terminée, et l’espoir de retrouver des survivants quasiment évanoui, il s’agit maintenant de préparer l’évaluation des dégâts et d’organiser la vie des habitants de la région pour les prochains mois.

« J’ai besoin de volontaires ! Qui peut venir aider à résoudre des problèmes de plomberie ? », lance une coordinatrice de la protection civile à l’entrée d’un camp de tente près du village de Gusciano.

« On se prépare pour l’hiver. Vu comment ça s’est passé après d’autres séismes, on va passer l’hiver ici », déclare un rescapé à Sant’Angelo, Emidio Chiappini, qui espère voir arriver des pré-fabriqués pour affronter le gel qui va bientôt descendre sur cette région de basse montagne.

« A priori on sait qu’on est déjà là pour trois ou quatre mois. Ce n’est pas officiel, mais on est équipés pour ça », confirme Nicola, un bénévole de la protection civile.

Dans les allées de son camp de grandes tentes bleues, les visages restent sombres, malgré les efforts des secouristes pour rendre l’endroit accueillant: des jouets pour les enfants, du vin sur la table…

Les autorités italiennes ont débloqué dans l’immédiat environ 60 millions d’euros de fonds d’urgence, auxquels sont venus s’ajouter près de 10 millions d’euros de dons récoltés. L’Italie s’apprête également à faire appel au fonds de solidarité de l’Union européenne.

Rien à faire

« Je n’ai aucune perspective », explique Massimo, un autre rescapé. « Dans l’ensemble, ça va. Seulement on ne fait rien toute la journée ici. J’avais l’habitude de travailler presque 18 heures par jour, et maintenant, on n’a rien à faire ».

Emidio Chiappini travaillait pour sa part dans une supérette qui a résisté au séisme mais risque de ne pas voir revenir sa clientèle.

Le chef du gouvernement Matteo Renzi a répété samedi, à l’occasion de funérailles solennelles de 35 des victimes, que le gouvernement ferait tout pour aider les sinistrés.

Atemio Scienzo, un artisan rescapé, n’en attend pas moins: « Après l’urgence, vient la phase de restructuration. Et c’est là que c’est important. Il faut que cela aille vite et que les fonds arrivent. Si la moitié se perd en route, comme c’est souvent le cas, il y aura un problème ».

Selon les médias italiens, le gouvernement va nommer cette semaine un commissaire doté de larges pouvoirs afin de prendre rapidement les décisions opérationnelles pour la reconstruction. Il devrait s’agir de Vasco Errani, ancien président de la région Emilie-Romagne elle-même touchée par un violent séisme en 2012.

Dans le même temps, des enquêtes ont été lancées pour comprendre pourquoi le séisme a causé autant de morts et de destructions, alors que des normes antisismiques dans cette zone clairement à risque sont en place depuis plus de 45 ans.

« Dans un premier temps, les experts devront nous dire et nous expliquer comment les édifices ont été construits et pourquoi ils se sont écroulés. Après nous chercherons les responsabilités derrière ces décombres », a déclaré le procureur de Rieti, Giuseppe Saieva au quotidien la Stampa.

A Amatrice, l’école pourtant rénovée à grands frais en 2012, l’hôpital, la caserne ou encore le théâtre n’ont pas tenu le choc et les enquêtes pour « désastre et homicides involontaires » pourraient déboucher sur des procès.

Selon les médias, les propriétaires ayant fait des travaux sans autorisation, les entreprises ayant réalisé ces travaux ou encore les fonctionnaires ayant délivré les certificats de conformité pourraient ainsi être traduits en justice.

Mais les experts ne pourront pas vraiment commencer leur travail avant que la terre se calme: depuis mercredi, plus de 1.800 répliques ont été enregistrées, provoquant régulièrement de nouvelles fissures et de nouveaux éboulements.

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