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Après la Silicon Valley, la « Silicon Beach » de Los Angeles

Le Vif

Connue pour ses palmiers, célébrités et studios, Los Angeles est aussi désormais un des pôles phares de la high-tech mondiale, sa « Silicon Beach » se développant à vitesse supersonique non loin de la « Mecque » du secteur, San Francisco.

C’est au bord du Pacifique, dans des bureaux proches des plages de Santa Monica, Venice et Marina del Rey, que la plupart des start-ups locales ont élu domicile.

Outre les bureaux de mastodontes du secteur comme Facebook ou Google, ce dernier logé dans un bâtiment en forme de jumelles signé Frank Gehry, on y trouve des sociétés de marketing sur internet comme Gumgum, des incubateurs de start-up comme Science-Inc, et beaucoup de sociétés tournées vers le divertissement et la consommation.

C’est le cas de DogVacay.com, un site d’hébergement pour chiens façon « Airbnb » canin qui veut rivaliser avec des chenils souvent hors de prix, et qui compte Will Smith parmi ses investisseurs.

Dans les spacieux locaux post-industriels de DogVacay, les chiens sont chouchoutés: les uns gambadent, les autres se prélassent sur des coussins, une étagère de bonbons à leur disposition, et certains hôtes les emmènent à la plage faire du « paddleboard ».

Pour le cofondateur Aaron Hirschhorn, 37 ans, « L.A. » présente beaucoup d’avantages: « Ici, nous sommes un plus gros poisson dans un bocal plus petit. La communauté des entrepreneurs est très soudée, et je ne dois pas entrer en concurrence avec les géants Facebook ou Google pour recruter des ingénieurs ».

Avec les prix de l’immobilier les plus élevés des Etats-Unis, San Francisco et sa baie sont devenus inabordables pour beaucoup.

« Il faut lever 50% de plus d’argent pour la même chose », déplore Michael Schneider, fondateur de Getservice.Com, dont les employés s’occupent de faire réclamations et appels fastidieux aux services après vente.

Gros poisson, petit bocal

A 35 ans, Schneider en est à sa cinquième société. « En 2007, tous les investisseurs me demandaient pourquoi je ne m’installais pas dans la Silicon Valley. Maintenant personne ne pose la question, et beaucoup viennent à Los Angeles régulièrement voir leurs autres projets ».

De plus en plus d’ingénieurs et de programmeurs délaissent aussi San Francisco ou New York pour la métropole du sud-californien, attirés par « le temps, un rythme plus relax, le besoin de quitter le vase clos de la Silicon Valley où tout tourne autour de la tech », remarque Schneider.

Le boom actuel – qui à son tour alimente une flambée immobilière – a été attisé par une série de « success stories » ces cinq dernières années: la messagerie SnapChat, valorisée à 16 milliards de dollars, le site de streaming Hulu (10 milliards), l’application de rencontres Tinder (3 milliards)…

De plus en plus de stars d’Hollywood investissent dans la « Silicon Beach », comme Ashton Kutcher. L’actrice Jessica Alba a quant à elle co-fondé un empire de couches-culottes et produits écolos, Honest, qui pèse un milliard de dollars.

La star de la Silicon Valley Elon Musk a aussi ouvert à Los Angeles le siège de son projet de train à grande vitesse, Hyperloop.

Parmi les start-ups à plus fort potentiel, on compte DollarShaveClub.com, qui vend des rasoirs par abonnement, ou Scopely, dont le chiffre d’affaires devrait atteindre 200 millions de dollars cette année.

Le siège avant-gardiste de ce fabricant de jeux pour smartphones évoque les campus rutilants de Google ou Facebook: la lumière est tamisée dans les toilettes où un iPhone joue de la musique électro, un buffet est servi le midi, et les employés peuvent se détendre en jouant au ping-pong dans un salon où un bar rempli les attend.

Dépendance à la Silicon Valley

« Los Angeles est une ville qui lance les tendances, c’est important si vous avez une activité focalisée sur la consommation ou les appareils mobiles », remarque Michael Jones, vétéran du secteur qui, après avoir dirigé le réseau social MySpace, a lancé l’incubateur Science-Inc.

Il travaille notamment au développement d’une « app » de tendance pour adolescents, Wishbone, mais reconnaît que le nerf de la guerre, à savoir les investisseurs, restent concentrés à San Francisco.

« Je pense que nous pouvons avoir ici 10 entreprises pesant plus d’un milliard de dollars, pas forcément 50 », remarque-t-il. Les « nerds » ont-ils le temps d’aller à la plage dans tout ça? « Pfff. Il y a des surfers à Los Angeles, il y en a aussi à San Francisco. Ca n’est pas pertinent », lâche Michael Jones dans un haussement d’épaules. Les affaires restent les affaires.

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