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Après la fin du papier, écran noir pour le journal historique France-Soir

Mort une première fois avec l’arrêt de son édition papier en décembre dernier, France-Soir a rendu l’âme une seconde fois lundi avec l’annonce de sa liquidation qui clôt près de 70 ans d’histoire et l’échec d’une relance sur internet.

Le Tribunal de commerce de Paris a finalement prononcé la liquidation du quotidien historique, refusant la seule offre en lice, celle du groupe de presse « low cost » Lafont, moyennant 56.000 euros et le maintien de six emplois sur 49.

Reprenant le logo historique du titre, un petit bonhomme debout à moitié caché par un immense journal mais cette fois sur fond noir, le site francesoir.fr titrait lundi soir un simple « Merci ». « Après des mois d’errance, parfois entrecoupés de maigres périodes d’espoir, le titre est mort. Vive France-Soir », selon l’article de tête. « Cette liquidation était attendue. Son officialisation n’en est pas moins cruelle », écrivent les salariés. « Malmenés par un actionnaire riche de millions et de couardise, trompés par un illusionniste repreneur entendant poursuivre l’activité en conservant six employés, ils rejoignent les +anciens+, licenciés en décembre 2011 lorsque l’actionnaire pointait l’Eldorado sur l’horizon Internet ».

Moins de deux ans après une relance à grand frais par son jeune propriétaire, Alexandre Pougatchev fils d’oligarque russe, France-Soir met fin à son édition papier en décembre 2011. Depuis son rachat en 2009, le jeune milliardaire aura dépensé en pure perte près d’une centaine de millions d’euros, dont dix d’aides publiques. Campagne de pub radio-télévisées, réceptions grand luxe, bureaux sur les Champs-Elysée et signatures de prestige, rien n’était alors trop beau pour France-Soir. De grosses pointures de la presse seront embauchées, puis remerciées pour tenter le pari d’un retour aux gros tirages.

Le million d’exemplaires quotidien des années 60-70 est bien loin. Pougatchev vise les 200.000 mais arrivera péniblement aux 80.000 avant de retomber aux alentours des 20-25.000. Affirmant que l’avenir est sur internet et que le titre peut en vivre, Alexandre Pougatchev tentait de persuader ses interlocuteurs, sans grande conviction. « Il y a beaucoup de tristesse au sein de la rédaction, un peu de résignation aussi. On s’y attendait, mais on a l’impression d’un énorme gâchis », a estimé un journaliste.

« Cette fin est lamentable, la liquidation a été prononcée en dix secondes, sans aucune explication, France-Soir grand journal issu de la Résistance meurt dans l’indifférence. C’est un désastre pour le pluralisme de la presse, un désastre pour l’emploi », a commenté Stéphane Paturey, secrétaire général du comité d’entreprise du titre.

Dans un communiqué, les syndicats et les élus de France-Soir dénoncent eux aussi un « gâchis ». « Le silence du gouvernement sur ce dossier est intolérable », déplorent-ils. Quelques mois avant l’arrivée de la gauche, le manque d’intérêt de l’équipe précédente avait également été critiqué. Les restes de France-Soir vont maintenant être proposés aux plus offrants, notamment le nom de domaine, les archives… et le titre.

Avec Belga.

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