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Ankara laisse passer des combattants kurdes pour défendre Kobané

Les Etats-Unis ont salué lundi la décision de la Turquie de laisser passer des combattants kurdes irakiens pour aller défendre la ville de Kobané (nord de la Syrie), assiégée par le groupe Etat islamique (EI).

« Nous saluons les déclarations du ministère (turc) des Affaires étrangères » en ce sens, a indiqué la porte-parole du département d’Etat américain, Marie Harf, lors de son point de presse. Ce revirement turc intervient alors que les Etats-Unis, qui ont multiplié les frappes contre les cibles djihadistes, ont procédé lundi à l’aube sur Kobané à un premier largage aérien d’armes et de munitions pour les forces kurdes syriennes qui défendent la ville depuis plus d’un mois. La Turquie de son côté a opéré lundi un changement de stratégie en Syrie en annonçant qu’elle autorisait désormais des renforts de combattants « peshmergas » irakiens à rejoindre, via son territoire, la ville kurde syrienne de Kobané. « Nous aidons les forces des ‘peshmergas kurdes’ à franchir la frontière pour aller à Kobané (…) nous n’avons jamais voulu que Kobané tombe », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu devant la presse. Malgré la pression de ses alliés, le gouvernement islamo-conservateur turc a jusque-là refusé toute intervention militaire pour aider les combattants kurdes de Syrie qui résistent depuis un mois aux forces du groupe EI, estimant qu’elle ne pouvait que renforcer le président syrien Bachar al-Assad, sa bête noire. La Turquie considère en outre le Parti de l’union démocratique (PYD), dont sont issus les combattants kurdes à Kobané, comme le pendant syrien du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 en Turquie une guérilla à l’origine de 40.000 morts. En revanche, la Turquie entretient de bonnes relations avec la région autonome kurde irakienne, dont les « peshmergas » sont à la pointe du combat contre l’EI en Irak. « La situation est devenue (…) de plus en plus grave quand nous avons vu que l’EI mettait davantage de combattants et davantage de ressources dans Kobané », a expliqué Mme Harf. Les Etats-Unis continuent néanmoins de discuter avec la Turquie pour voir comment ce pays pourrait aider à combattre l’EI, qui contrôle de larges pans de territoire en Irak et en Syrie. « Je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’il y aurait des divisions entre nous sur la manière de repousser cette menace. Nos objectifs globaux sont exactement les mêmes », a assuré la porte-parole. Après un mois de bombardements par la coalition, « les soldats sur le terrain ont commencé à manquer d’approvisionnement pour continuer le combat, c’est pourquoi nous avons autorisé » ce largage d’armes et de munitions, a-t-elle expliqué. « Nous continuerons à les aider à repousser l’EI. Ceci dit, il y a toujours un risque que Kobané tombe » entre les mains des djihadistes, a-t-elle mis en garde.

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