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Angela Merkel: « L’espionnage entre amis, ça ne va pas du tout! »

Le Vif

La Maison Blanche a refusé jeudi de dire si les Etats-Unis avaient espionné dans le passé les communications de la chancelière allemande Angela Merkel, en pleine crise diplomatique avec Berlin.

La Maison Blanche a refusé jeudi de dire si les Etats-Unis avaient espionné dans le passé les communications de la chancelière allemande Angela Merkel, en pleine crise diplomatique avec Berlin.

Jay Carney, porte-parole de l’exécutif américain, a affirmé qu’il ne commenterait pas « des accusations spécifiques qui ont été portées » dans cette affaire.

Mercredi, il avait déclaré que « les Etats-Unis ne surveillent pas, et ne surveilleront pas les communications de la chancelière », une tournure de phrase qui laissait ouverte la possibilité que de telles opérations aient pu avoir lieu.

M. Carney n’a pas dévié de cette formulation jeudi. « Je n’ai rien de plus là dessus pour vous », a-t-il ajouté.

« L’espionnage entre amis, cela ne va pas du tout »

Les dirigeants de l’UE ont entamé jeudi à Bruxelles un sommet bousculé par le scandale de l’espionnage américain.

La chancelière allemande Angela Merkel, dont le téléphone portable pourrait être surveillé par les Américains, a déclaré que « l’espionnage entre amis, cela ne va pas du tout », à son arrivée jeudi à Bruxelles au sommet européen.

Mme Merkel a indiqué l’avoir répété mercredi soir au président Barack Obama, lors d’une conversation téléphonique.

« Nous avons besoin de confiance entre partenaires, et cette confiance doit être rétablie », a insisté Mme Merkel. Cette affaire de surveillance « concerne tous les citoyens », a-t-elle ajouté.

« Nous ne pouvons pas accepter de qui que ce soit cet espionnage systématique, et il faudra prendre des mesures », a pour sa part insisté le Premier ministre belge, Elio du Rupo, plaidant pour que le sommet se penche sur les « mesures européennes » à prendre.

Mais il a souligné ne pas attendre de décisions des dirigeants européens dans l’immédiat, plutôt une « méthodologie » pour faire face au problème.

Il faut, « entre alliés, un mécanisme qui permette de combattre le terrorisme et toutes sortes de violences, mais sans espionnage », a-t-il ajouté sans nommer explicitement les Etats-Unis.

Interrogé sur les affaires d’espionnage qui ont visé Belgacom, M. Di Rupo s’est voulu prudent. « Avant que je m’exprime, je voudrais avoir des certitudes sur qui je peux accuser », a-t-il dit, précisant être en contact avec la Sûreté de l’Etat et le parquet fédéral.

Mais « le phénomène d’espionnage existe aussi dans notre pays », a-t-il ajouté.

Avant même le début du sommet, le scandale de l’espionnage américain a aussi été abordé lors d’une rencontre bilatérale par la chancelière allemande et le président français, François Hollande, soucieux de « coordonner leur réaction », selon une source diplomatique française.

La France est également concernée puisque le quotidien Le Monde a révélé lundi que l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) avait effectué des millions d’enregistrements de données téléphoniques de Français.

Le président du Parlement européen appelle à suspendre les négociations commerciales avec les USA

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a appelé jeudi à suspendre les négociations commerciales entre l’Europe et les Etats-Unis, en signe de protestation contre les pratiques d’espionnage mises à jour récemment.

« Je trouve que nous devons les suspendre », a-t-il affirmé. « Il y a un certain nombre de standards et de critères que nous devons respecter. Sinon, cela n’a pas de sens de se parler ». Avec cette déclaration, le socialiste allemand – qui lorgne sur le siège de président de la Commission européenne – va un pas plus loin que l’assemblée qu’il préside.

Le Parlement européen s’est prononcé mercredi pour la suspension de l’accord TFTP (Terrorist Finance Tracking Program), qui encadre le transfert de données financières aux Etats-Unis dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. M. Schulz parle désormais de suspendre la négociation du grand accord commercial (TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership) que les deux côtes de l’Atlantique espèrent conclure dans les prochains mois.

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