Amsterdam va mettre les marginaux dans des camps

Muriel Lefevre

Depuis qu’Eberhard van der Laan a repris les rênes de la ville, Amsterdam n’est plus le chantre de la tolérance. Expulsions manu militari des squatters, évacuations de camp de réfugiés et créations de camps pour voisins néfastes et marginaux. Le maire affiche de façon musclée sa volonté de faire le ménage. Ce qui a le don de crisper une frange de la population.

Depuis qu’il a ceint l’écharpe mayorale en juillet 2010, Eberhard van der Laan a décidé de faire le ménage à Amsterdam. Rapidement, il s’attaque aux squatteurs en les expulsant des divers squats de la ville. Couvert en cela par une loi votée plusieurs mois auparavant et qui rend tout squat illégal. Si ces expulsions se sont, pour l’instant, passées sans trop de heurts, la démarche n’est pas forcément populaire au sein de la population plutôt favorable à ce qu’elle considérait jusqu’à présent comme une solution contre la crise du logement particulièrement aigüe à Amsterdam. Mais Eberhard van der Laan, ne s’est pas arrêté là. Il a récemment fait évacuer un campement de « sans-papiers » avec l’aide d’une escouade de police. Une première aux Pays-Bas. Mais c’est surtout la dernière idée en date du premier citoyen d’Amsterdam qui fait beaucoup fait parler d’elle dans la presse internationale.

Des camps pour marginaux Dès janvier, Amsterdam souhaite placer ses « marginaux » dans des camps, ou plutôt des « scums village » comme les ont baptisés les opposants de ce projet. L’idée du « treiteraanpak » est simple. Toute personne qui a un comportement violent ou antisocial – mais aussi les familles à problèmes – risque d’être expulsée de façon provisoire de son appartement pour être placée dans des conteneurs maritimes ou des caravanes installés dans la banlieue de la ville. Là-bas, et durant 6 mois, elle sera entourée par des services sociaux et on va lui « apprendre » à se comporter correctement. Si on ne constate pas une amélioration dans son attitude, elle sera définitivement expulsée et devra rester dans le camp.

Une ligne téléphonique d’urgence sera mise en place pour permettre aux Amstellodamois de dénoncer des actes de violence. Selon Bato Bauer, le porte-parole du maire d’Amsterdam, près de 13.000 plaintes pour violences sont déposées chaque année. In fine, c’est une équipe d’experts qui décidera qui devra faire un passage dans ces camps. Il est prévu de déplacer à long terme environ 10 familles par an, ce qui représente un coût annuel d’1 million d’euros.

Cette sortie a fait couler beaucoup d’encre dans les médias


Le maire souhaite donc placer les personnes à problèmes à l’écart pour éviter une source de nuisance pour leur voisinage. En gros que la source de problème d’un quartier soit isolée et mise à l’écart. « Le but n’est pas de récompenser les gens qui agissent mal en les installant dans un cinq-pièces avec vue sur jardin. C’est supposé être dissuasif » précise le porte-parole du maire. Si l’idée choque, elle n’est pas neuve pour autant puisqu’elle avait déjà été lancée par Geert Wilders, un député d’extrême droite.

Les opposants de ce projet font remarquer que ces camps pour personnes aux comportements antisociaux avaient déjà été créés au XIXe siècle et s’étaient soldés par un fiasco complet. Si la politique de la ville semble se radicaliser sur certains aspects, ce n’est pourtant pas demain qu’on n’y sentira plus les volutes de cannabis. Car si le maire souhaite faire le ménage, il reste un ardent défenseur des coffee shops et compte bien les laisser ouverts malgré la nouvelle loi contre le « tourisme de la drogue ». Si cela peut paraître contradictoire avec sa politique générale, il n’en est rien puisqu’il s’agit d’éviter que le commerce de drogue ne se déplace de manière incontrôlée. Au-delà de la polémique, une chose semble pourtant certaine. Avec un maire comme Eberhard van der Laan, l’image d’Épinal d’Amsterdam en tant que capitale de la tolérance risque de n’être plus qu’un lointain souvenir.

M.L.

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