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Amnesty international épingle l’Espagne sur l’accueil des demandeurs d’asile

L’organisation de défense des droits de l’Homme Amnesty International a épinglé mardi l’Espagne sur l’accueil des demandeurs d’asile, « inefficace, obsolète et discriminatoire » dans ce pays et qui affiche des taux d’admission « honteux », selon l’ONG.

« Certains gouvernements, comme celui-ci, n’ont pas la volonté d’accueillir », a déclaré lors d’une conférence de presse le directeur d’Amnesty en Espagne, Esteban Beltran, évoquant le gouvernement dirigé par le conservateur Mariano Rajoy.

L’ONG, qui s’est entretenue avec plus de 80 demandeurs d’asile et a visité plusieurs centres d’accueil, dénonce une politique d’admission « au compte-gouttes » allant à contre-sens de l’opinion publique espagnole et d’administrations régionales disposées à recevoir des réfugiés.

Selon l’agence européenne de statistiques Eurostat, l’Espagne, où les demandes sont moins nombreuses, a accordé l’asile ou d’autres statuts protecteurs à 1.030 personnes en 2015. La France en a fait autant pour 26.000 et la Bulgarie 5.605. L’Allemagne a accordé un statut protecteur à 141.000 personnes.

Madrid a par ailleurs promis de recevoir en deux ans 17.000 candidats à l’asile déjà admis dans des camps dans d’autres pays, mais moins de 600 doivent arriver au total d’ici à la fin du mois de juin.

Une fois en Espagne, ces personnes doivent encore affronter une course d’obstacles. Le système espagnol leur permet d’avoir un logement dans un centre d’accueil pendant six à neuf mois.

Ils reçoivent ensuite une aide financière pendant six mois, onze au maximum, puis plus rien pour une grande majorité d’entre eux.

Bien qu’ils aient le droit de travailler, les demandeurs d’asile restent cependant longtemps dans une situation précaire, l’administration prenant parfois des années pour traiter leur demande, dénonce Virginia Álvarez, en charge de la politique intérieure au sein d’Amnesty en Espagne.

L’ONG dénonce par ailleurs le traitement « discriminatoire » infligé à certains, soulignant que les demandes provenant de Syrie étaient souvent traitées plus rapidement que celles des candidats sub-sahariens. « Cela ne peut plus durer », a dénoncé Esteban Beltrán, appelant le gouvernement qui se formera après les législatives du 26 juin à remettre à plat le système.

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