Annapurna. © Belga - Sunil Sharma

Alpinisme: des militaires français tentent une première sur l’Annapurna

Le Vif

Soldats et alpinistes de l’extrême: quatre hommes du Groupe militaire de haute montagne (GMHM) vont tenter en septembre une première sur la face Sud de l’Annapurna, dans l’Himalaya, en ouvrant une voie sans oxygène et sans porteur pour atteindre le sommet à 8.091 m.

Le groupe, qui appartient à la 27e Brigade d’infanterie de montagne (27e BIM), est basé à Chamonix. Cette unité d’élite de l’armée de Terre a acquis son savoir-faire sur les plus hauts et difficiles sommets du monde depuis sa création en 1976.

L’expédition est arrivée sur place cette semaine, dans le Nord-Est du Népal, où elle débute sa longue acclimatation à la déperdition d’oxygène à une altitude avoisinant celle du Mont Blanc.

Fenêtre prévue pour l’ascension: du 25 septembre au 18 octobre. Sur le papier, les quatre hommes du GMHM, chargé chacun d’une douzaine de kilos de matériel et nourriture, devraient mettre 5 à 8 jours pour monter et redescendre les 2.400 m séparant le camp du sommet principal de l’Annapurna.

La première conquête de cette montagne mythique, en 1950 par sa face Nord, a été faite sous drapeau français, avec l’exploit de Maurice Herzog et de Louis Lachenal.

« Cette montagne est paradoxale. C’est le premier 8.000 à avoir été conquis mais seuls 200 alpinistes ont, à ce jour, atteint son sommet, tous itinéraires confondus, contre près de 6.000 pour l’Everest (8.848 m) », explique à l’AFP l’adjudant-chef Sébastien Bohin, responsable de la communication de l’expédition.

Style alpin pour éperon japonais

La voie à laquelle vont s’attaquer les hommes du GMHM est dite de « l’éperon japonais », un contrefort saillant et vertigineux cumulant toutes les difficultés de la course en montagne (neige, parois de glace et important massif rocheux).

Il a été emprunté une seule fois à ce jour, en 1981 par les Japonais Yukihiro Yanagisawa et Hiroshi Aota. Mais cette ascension s’était faite avec de l’oxygène et des bivouacs intermédiaires d’étape installés au préalable (un mode d’expédition qualifié de « style himalayen » dans le jargon de l’alpinisme, par opposition au « style alpin », considéré comme le plus pur et que vont utiliser les militaires français).

« En style alpin, c’est une tout autre affaire », prévient Sébastien Bohin. L’adjudant-chef sait de quoi il parle: il a été l’un des six alpinistes du GMHM qui ont accompli en 2011 la première traversée intégrale de la cordillère Darwin, queue australe de la cordillère des Andes en Patagonie chilienne entre le détroit de Magellan et le canal de Beagle.

Les conditions météo seront déterminantes, la température pouvant être douce avec le soleil ou descendre à -25° C en cas de vent violent et de précipitations.

L’expédition est dirigée par le commandant du GMHM, Jean-Yves Igonenc, qui restera au camp de base d’où sera observée la progression des quatre alpinistes: l’adjudant Sébastien Moatti (37 ans), le caporal-chef Sébastien Ratel (29 ans, qui avait déjà participé à la dantesque traversée de la cordillère Darwin), le caporal Antoine Bletton (31 ans) et le chasseur 1re classe Max Bonniot (27 ans).

Tous ont suivi un entraînement physique et mental poussé. « Le GMHM est un laboratoire de l’extrême », assure Sébastien Bohin. « Notre travail de laborantins des cimes a commencé ».

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