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Allemagne: « super résultat » de Merkel qui devrait gouverner seule

Le Vif

La chancelière Angela Merkel a salué dimanche un « super résultat » de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) qui a obtenu la majorité absolue des sièges au Bundestag lors des législatives allemandes, et promis « quatre nouvelles années de succès ».

« Ensemble, nous allons tout faire pour que les quatre années qui viennent soient quatre nouvelles années de succès pour l’Allemagne », a déclaré Mme Merkel. Veste bleu roi, sourire éclatant et yeux brillants, la chef du parti conservateur a été longuement applaudie avant de prendre la parole au siège de la CDU, à Berlin.

Elle a qualifié de « super résultat » le score des conservateurs qui totalisent, selon les estimations des télévisions allemandes, plus de 42% des voix, et remercié les électeurs pour leur « confiance exceptionnelle ».

Majorité absolue

L’ampleur de la victoire de la chancelière lui permettrait même d’obtenir la majorité absolue au Bundestag, la chambre basse du parlement, selon les télévisions publiques ARD et ZDF. Les conservateurs CDU-CSU de la chancelière allemande ont en effet remporté la majorité absolue des sièges. Mme Merkel pourrait donc gouverner seule, sans avoir besoin de s’allier à l’opposition sociale-démocrate (SPD), selon ces estimations à 19H10, ce qui n’est arrivé qu’au chancelier Konrad Adenauer en 1957.

Si les électeurs ont largement accordé leur confiance à Mme Merkel, affectueusement surnommée « Mutti » (maman) au sein de son parti, ils ont sanctionné son partenaire gouvernemental. Le parti libéral FDP s’est écroulé et n’est pas parvenu à se maintenir au Bundestag pour la première fois dans l’histoire de la République fédérale d’Allemagne, totalisant 4,5% des voix, en-dessous des 5% nécessaires.

A 59 ans, la chancelière allemande a confirmé son statut de femme la plus puissante du monde, en devenant le premier dirigeant européen à être reconduit à la tête d’un pays depuis la crise financière et monétaire qui a secoué l’Union européenne. Elle a permis à son parti conservateur, le CDU, de recueillir son score le plus élevé depuis la Réunification du pays en 1990 avec 42,5% des voix, en hausse de près de 9 points par rapport à la dernière élection de 2009, selon des chiffres diffusés par la chaîne publique ZDF. Son parti arrive très loin devant le parti social-démocrate (SPD) 26,5% (+3,5) qui reste proche de son plus bas historique d’il y a quatre ans.

Campagne mitigée pour le SPD

Un nouveau mouvement anti-euro, récemment créé au printemps, et qui plaide en faveur d’une dislocation ordonnée de la monnaie unique européenne, a réussi un bon score, à 4,8%, inférieur toutefois aux 5% nécessaires pour avoir des députés. L’AFD (« Alternative für Deutschland ») espérait peser davantage en rassemblant un vote protestataire en surfant sur l’hostilité de nombreux Allemands aux plans de sauvetage des pays européens en crise.

Les Verts sont en baisse sensible à 8% (-2,7 points), victimes d’une mauvaise stratégie de campagne et d’une polémique sur la tolérance passée du mouvement envers la pédophilie. La gauche radicale, Die Linke, a baissé de 3,4 points, à 8,5%. Le total des scores de gauche, à 43%, est plus faible que lors des législatives de 2009 (45,6).

Avec son deuxième plus mauvais score de l’après-guerre, le SPD semble avoir souffert de la campagne globalement ratée de son leader Peer Steinbrück qui a enchaîné les gaffes et polémiques : tout récemment un doigt d’honneur du candidat en Une du magazine Süddeutsche Zeitung a fait de l’ombre au parti.

La femme la plus puissante du monde

Angela Merkel a donc été plébiscitée par les 62 millions d’électeurs allemands, qui la créditent d’avoir bien géré la crise de l’euro et d’avoir su protéger la première économie européenne. Elle a vanté durant la campagne la bonne tenue des finances publiques et la baisse du chômage, à seulement 6,8% de la population active, quand ce même indicateur explosait dans beaucoup de pays européens. Aucun de ses homologues en Espagne, en France, en Italie, ou au Royaume-Uni, ne s’est fait réélire depuis le début de la crise financière. Dans l’Allemagne d’après-guerre, seuls Konrad Adenauer et le chancelier de la Réunification Helmut Kohl ont réussi à remporter trois mandats de chancelier.

Des défis sociaux Malgré des indicateurs flatteurs, l’Allemagne doit relever de nombreux défis: le pays compte l’un des plus grands nombres de bas salaires en Europe, une situation sociale dégradée qui menace les retraites de millions d’Allemands. Le pays souffre aussi d’une natalité parmi les plus faibles au monde, véritable bombe à retardement pour son économie.

Par ailleurs, la crise de la zone euro, qui n’est pas encore terminée, pourrait continuer de peser sur sa conjoncture et finir par miner ses comptes publics.

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