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Allemagne: le pari risqué de l’interdiction du principal parti d’extrême droite

Le Vif

Les États régionaux ont déposé, mardi, une demande de dissolution du Parti national-démocrate d’Allemagne (NPD), xénophobe et antisémite. Une précédente tentative d’interdiction du parti avait échoué en 2003.

« Le NPD est de notre point de vue un parti anti-démocratique, xénophobe, antisémite et contraire à la constitution, un parti que nous devons tous politiquement combattre avec détermination », a déclaré lundi le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert, lors d’un point de presse gouvernemental régulier.

Cette initiative est-elle contreproductive?

Une nouvelle demande d’interdiction du Parti national-démocrate d’Allemagne (NPD), a été déposée mardi par les Länder (Etats régionaux) allemands. Xénophobe, antisémite, il est « de même nature » que le NSDAP d’Adolf Hitler selon les auteurs d’un rapport.
Le Bundesrat (chambre haute du Parlement allemand, où siègent les Etats régionaux) a déposé mardi sa demande d’une interdiction du parti national-démocratique d’Allemagne (NPD) devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe. Les Länder souhaitent ainsi obtenir que le NPD soit reconnu comme contraire à la constitution et interdit.
Une précédente tentative d’interdiction du parti avait échoué en 2003. La cour constitutionnelle avait à l’époque rejeté la demande en raison d’un vice de procédure, la juridiction estimant que la présence d’agents des services du renseignement intérieur (Verfassungsschutz) au sein des structures dirigeantes du NPD, brouillait sa capacité à statuer. Cette fois, les auteurs du rapport ont travaillé leur dossier et appuyé sur l’inspiration xénophobe et antisémité du NPD, qualifié de similiaire au NSDAP d’Adolph Hitler.

Une procédure risquée

La procédure n’est pas assurée d’aboutir, et en ce cas, le parti d’extrême-droite pourrait tirer profit de cet échec comme cela avait été le cas en 2003, lors de la précédente tentative, souligne le quotidien allemand Der Spiegel. Autre risque, celui de rejeter ces militants dans la clandestinité, où une partie d’entre eux pourrait se radicaliser.
L’idée de s’attaquer au NPD a ressurgi après la découverte en 2011 d’une organisation criminelle d’extrême droite, Clandestinité national-socialiste (NSU). Des membres du groupuscule, proches du NPD, sont accusés d’avoir assassiné dix personnes, la plupart d’origine turque, entre 2000 et 2006.

Pas de procédure au nom du gouvernement

La chambre haute du Parlement est l’une des trois institutions habilitées à lancer une telle procédure, avec le gouvernement fédéral et la chambre basse, le Bundestag. Mais de son côté, la chancelière Angela Merkel, a refusé de lancer une demande au nom du gouvernement. « Le NPD est de notre point de vue un parti anti-démocratique, xénophobe, antisémite et contraire à la constitution, un parti que nous devons tous politiquement combattre avec détermination », a déclaré lundi le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert, lors d’un point de presse gouvernemental régulier. Mais, « le gouvernement en exercice ne juge pas nécessaire de formuler une demande d’interdiction supplémentaire en son nom propre », a-t-il précisé.

Par Catherine Gouëset

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