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Allemagne : la direction du SPD approuve un gouvernement avec Merkel

Le Vif

La direction du parti social-démocrate allemand dans son ensemble a approuvé vendredi le principe d’un gouvernement en Allemagne avec les conservateurs d’Angela Merkel, dont dépend la survie politique de la chancelière.

Sur la base du compromis obtenu à l’arraché entre les négociateurs des deux camps après plus de 24 heures de tractations, la direction, après s’être réunie à Berlin, « va mandater une commission » chargée de mener les discussions poussées avec les conservateurs sur un contrat de coalition, indique le SPD dans un communiqué. La décision doit toutefois encore être validée par la base du parti.

Merkel vers un nouveau mandat placé sous le signe de l’Europe

Angela Merkel est parvenue vendredi à un accord de principe pour prendre la tête d’un nouveau gouvernement en Allemagne avec le soutien des sociaux-démocrates et a promis dans la foulée de contribuer à « un nouveau départ » de l’Europe.

Au terme de cinq journées de tractations difficiles, dont une dernière session de 24 heures non-stop à Berlin, la chancelière conservatrice s’est félicitée du compromistrouvé qui doit lui permettre de rester au pouvoir pour quatre années de plus et à l’Allemagne de sortir d’une impasse politique inédite.

Elle a appelé de ses voeux « la constitution d’un gouvernement stable ».

Les élections législatives de septembre, marquées par un repli des partis traditionnels et une percée de l’extrême droite, n’ont en effet pas permis de dégager de majorité évidente.

Après avoir d’abord tenté sans succès à l’automne de forger un gouvernement avec les Libéraux et les écologistes, Angela Merkel n’avait plus le choix: elle devait trouver un accord avec le parti social-démocrate. Au risque sinon de voir sa carrière menacée après douze ans à la chancellerie.

Le compromis de 28 pages finalement obtenu entre démocrates-chrétiens de la CDU et de la CSU et sociaux-démocrates a été validé par les partis. Au final, notre « base décidera », a toutefois averti la direction du SPD dans un communiqué, rappelant qu’un éventuel accord devrait encore impérativement être validé par les militants.

Accent sur l’Europe

Le document dresse les grandes lignes des objectifs du possible gouvernement de coalition et doit ouvrir la voie à des négociations cette fois détaillées sur la politique qui sera suivie. Un processus qui devrait prendre des semaines.

Dans l’immédiat, les deux familles politiques, qui ont déjà gouverné ensemble dans la coalition sortante (2013-17), ont mis l’accent sur l’Europe.

Angela Merkel a promis devant la presse de contribuer à « un nouveau départ de l’Europe » aux côtés de la France, au moment où le projet européen est fragilisé par le Brexit et la montée des tendances nationalistes sur le continent.

Le chef de l’Etat français Emmanuel Macron a salué ces avancées, alors qu’il attend toujours une réponse aux propositions qu’il avait faites fin septembre, et qui concernent en particulier une réforme de la zone euro.

« Je suis heureux et satisfait que Mme Merkel puisse avancer vers un gouvernement de coalition qui sera utile et qui est attendu par l’Europe et la France », a-t-il déclaré à Paris.

Mais en dépit du compromis de vendredi, rien n’est encore définitif. Côté social-démocrate, la décision d’entrer dans un nouveau gouvernement de coalition avec les conservateurs devra aussi recevoir le feu vert des délégués du parti lors d’un congrès extraordinaire le 21 janvier, à l’issue très incertaine.

La base du SPD reste très sceptique à l’idée de servir à nouveau d’appoint aux conservateurs.

Dans le meilleur des cas, un nouvel exécutif ne sera en place que fin mars.

Caisses publiques pleines

Désireux de convaincre les militants, Martin Schulz a parlé d’un résultat « formidable ».

Il n’a toutefois pas obtenu tout ce qu’il voulait, loin s’en faut. Et ce en dépit de la bonne santé de la première économie européenne, dont les caisses publiques n’ont jamais été aussi pleines depuis la réunification avec plus de 38 milliards d’euros d’excédent.

Les conservateurs ont refusé sa requête de créer une « assurance-maladie citoyenne », sorte de Sécurité Sociale à laquelle tout le monde devrait cotiser pour réduire les inégalités devant la santé entre assurances privées et publiques.

De même, le SPD n’a pas obtenu les hausses d’impôts pour les revenus les plus élevés qu’il souhaitait.

Et côté politique migratoire, longtemps point de discorde, les deux camps ont convenu de limiter le nombre annuel de demandeurs d’asile dans le pays à entre 180.000 et 220.000, comme le souhaitaient les conservateurs.

L’Allemagne a accueilli plus d’un million d’entre eux entre 2015 et 2016, ce qui a valu à Angela Merkel beaucoup de critiques et a permis à l’extrême droite de percer dans l’opinion.

Même avec cet accord, le contexte politique est défavorable, tant pour les démocrates-chrétiens que pour les sociaux-démocrates. Certains médias ont déjà qualifié leur possible alliance de « coalition des perdants » car chacun a été sanctionné par les électeurs lors du scrutin législatif.

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