Le président des Libéraux du FDP Christian Lindner a quitté la table des négociations. © REUTERS

Allemagne: échec des négociations pour la formation d’un gouvernement

Les négociations visant à former un nouveau gouvernement en Allemagne, menées depuis plusieurs semaines entre le camp conservateur d’Angela Merkel (CDU-CSU), les Libéraux du FDP et les écologistes, ont échoué. C’est ce qu’a en tout cas annoncé un porte-parole du FDP, indiquant que le parti a quitté la table des négociations, dans la nuit de dimanche à lundi, estimant que les divergences entre les partenaires potentiels étaient insurmontables.

« Il est préférable de ne pas gouverner que de mal gouverner », a déclaré à la presse à Berlin le président des Libéraux du FDP Christian Lindner, en estimant qu’il n’avait pas été possible de trouver une « base commune ».

Les discussions, débutées il y a plus d’un mois après la victoire étriquée de l’alliance CDU-CSU aux élections, n’ont pas permis d’établir un climat de confiance, sur des dossiers importants, a sous-entendu Christian Lindner. Il a notamment précisé que les différentes parties, appelées à former une coalition « jamaïcaine », inédite au niveau national, n’avaient pas pu s’accorder sur une perspective de modernisation du pays.

Merkel « déplore » l’échec

La chancelière allemande Angela Merkel a « déploré » dans la nuit de dimanche à lundi l’échec des négociations pour former un nouveau gouvernement, à la suite des élections législatives de fin septembre qui avaient offert une victoire en demi-teinte à son clan conservateur.

« Je déplore que nous n’ayons pu trouver une solution commune », a dit la cheffe du CDU, qui tentait former la coalition « jamaïcaine ». La chancelière s’est exprimée face à la presse à Berlin, en pleine nuit, à l’issue d’une ultime session de tractations qui avait duré douze heures et lors de laquelle le leader des libéraux a claqué la porte.

Elle a promis de « tout faire pour que le pays soit bien dirigé au cours des semaines difficiles à venir », à la tête de son gouvernement actuel de gestion des affaires courantes. Et a précisé vouloir s’entretenir lundi avec le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, appelé par la Constitution à jouer un rôle clé pour la suite.

« Nous verrons ensuite comment les choses vont évoluer », a-t-elle dit.

Score décevant pour le camp conservateur

Mme Merkel et son camp conservateur ont certes remporté les élections législatives mais avec un score décevant qui la prive de majorité évidente pour se faire élire pour un nouveau mandat à la chambre des députés, le Bundestag. L’attelage hétéroclite à quatre partis était en l’état le seul pouvant lui permettre de bâtir une coalition majoritaire au Bundestag, suite au refus des sociaux-démocrates de continuer à gouverner avec elle.

En théorie, la chancelière peut essayer à présent de convaincre le SPD de revenir sur cette décision. Mais le parti a réitéré dimanche son refus d’une telle alliance.

La chancelière peut aussi prendre le risque de diriger un gouvernement minoritaire avec des majorités changeantes. Mais elle a jusqu’ici toujours exclu cette option, assurant vouloir un gouvernement « stable ».

Reste l’option de la convocation de nouvelles élections début 2018. Mais c’est au président que revient in fine la décision et il a mis en garde dimanche contre une telle issue. Les derniers sondages montrent que seule l’extrême droite serait en mesure de vraiment progresser en pareil cas de figure, après avoir fait en septembre une entrée historique au Bundestag avec près de 13% des suffrages.

« Agitation populiste »

Le coprésident des Verts, Reinhard Buetikofer, a critiqué sur Twitter le retrait de Lindner, qui sonne le glas de ces négociations de la dernière chance. Le leader du FDP a « préféré son style d’agitation populiste, plutôt que la responsabilité gouvernementale », a-t-il estimé.

Conservateurs, Libéraux et écologistes n’ont pas réussi malgré plus d’un mois de tractations à surmonter leurs divisions, notamment sur un sujet de discorde majeur en Allemagne, celui de l’immigration. Les partis n’ont pu s’entendre sur la question de savoir si tout ou partie seulement des réfugiés devaient avoir droit au regroupement familial en Allemagne.

Les Libéraux et les conservateurs, en particulier les alliés bavarois très à droite de la chancelière (CSU), réclamaient une politique migratoire plus restrictive, avec un plafond annuel de 200.000 réfugiés et un regroupement familial limité, contre l’avis des Verts.

Les partis se sont aussi écharpés sur les questions environnementales.

A la suite de l’échec des négociations, et au vu de la position des socialistes du SPD qui ont ré-affirmé dimanche leur refus de gouverner avec la CDU, l’Allemagne risque de devoir passer par de nouvelles élections début 2018, à l’issue incertaine.

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