© GoogleMap

Algérie : des jihadistes « de différents pays musulmans et même européens »

Le Vif

L’attaque contre un site gazier du centre-est de l’Algérie a été menée par 40 jihadistes de pays musulmans et « même » européens, a affirmé Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe islamiste qui a planifié l’opération dans une vidéo mise en ligne dimanche par le site mauritanien Sahara Media.

Dans cette vidéo tournée jeudi, au lendemain du lancement de l’attaque du site d’In Aménas, Belmokhtar, chef du groupe les « Signataires par le sang » apparaît en treillis militaire, sans arme, tête nue. Il assure parler au nom d’Al-Qaïda « mère » et non d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dont il était un dirigeant, avant d’en être récemment évincé.

Il y affirme que l’attaque d’In Aménas a été menée par 40 jihadistes « de différents pays musulmans, de pays européens même », tous membres de son groupe armé. Il ne précise pas quels sont les pays d’origine de ces hommes.

Mokhtar Belmokhtar se disait prêt à « négocier » avec les pays occidentaux, à condition « que s’arrêtent l’agression et les bombardements contre le peuple malien », en référence à l’intervention française au Mali, dans cette vidéo filmée avant le sanglant dénouement de la prise d’otages.

Les corps de 25 otages découverts par les militaires algériens

Vingt-cinq corps d’otages ont été découverts ce dimanche par les forces spéciales algériennes qui sécurisaient le site gazier du Sahara où s’est déroulé jusqu’à samedi une spectaculaire prise d’otage menée par des islamistes, a-t-on appris auprès de la télévision privée algérienne Ennahar.

Interrogé par l’AFP, son patron Anis Rahmani a précisé qu’il s’agissait « des corps de 25 otages », citant une source sécuritaire.

Le bilan risque d’être « revu à la hausse »

Le ministre algérien de la Communication Mohamed Said a déclaré ce dimanche que le bilan des victimes de l’attaque islamiste contre un complexe gazier du Sahara algérien risquait d’être « revu à la hausse », après un premier bilan provisoire officiel de 23 morts et 32 assaillants tués.

« Je crains fort, hélas, que ce bilan ne soit revu à la hausse », a averti le ministre sur la radio publique Chaîne 3, alors que plusieurs pays ont indiqué que des ressortissants employés dans ce complexe étaient toujours manquants.

« Les forces spéciales continuent de sécuriser le site gazier de Tiguentourine à la recherche d’éventuelles autres victimes, puisque le bilan donné jusque-là par le ministère de l’Intérieur est provisoire », a déclaré M. Mohamed. « Le bilan définitif sera connu dans les heures qui viennent », a-t-il ajouté.

Les Algériens n’ont pas donné de bilan des victimes étrangères, en laissant le soin au pays concernés. Le Japon fait état de 10 de ses ressortissants toujours manquants, la Norvège cinq et la Malaisie deux.

Londres a indiqué dimanche que trois autres de ses ressortissants sont « sûrement » morts, outre les trois Britanniques et le résident au Royaume-Uni dont la mort a été confirmée.

Au moins un Algérien a été tué, selon des sources officielles algériennes.

Parmi les étrangers confirmés morts par leurs pays figurent également un ressortissant français, un Américain et un Roumain.

Des rescapés 15 heures dans le désert pour échapper aux ravisseurs

Un groupe de rescapés ayant fui les militants islamistes qui se sont emparés d’un site gazier algérien près d’In Amenas a passé 15 heures dans le désert pour échapper aux ravisseurs, rapporte ce dimanche un journal norvégien.

Le tabloïd Verdens Gang (VG) relate l’histoire d’un Norvégien de 57 ans qui, de concert avec sept autres personnes dont la nationalité n’a pas été précisée, a fui le complexe gazier dans la nuit de jeudi à vendredi pour regagner à pied la ville d’In Amenas à près de 50 km de là.

« Le groupe a passé 15 heures dans le désert impitoyable du Sud de l’Algérie », écrit VG sur son site internet. « On ignore ce qu’ils avaient en nourriture et en eau mais l’homme de 57 ans, originaire de Bergen (ouest de la Norvège) était sérieusement déshydraté et épuisé quand ils sont arrivés dans la ville vendredi soir », ajoute le journal. Le Norvégien a ensuite reçu des soins dans un hôpital algérien et on ignore quand il sera rapatrié.

La Norvège reste sans nouvelles de cinq ressortissants, des employés du groupe pétrolier Statoil, présents sur le site gazier au moment de l’attaque mercredi matin par des militants islamistes, une attaque suivie d’une prise d’otages puis d’une opération militaire algérienne.

Samedi soir, le Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg a indiqué qu' »il est possible que des Norvégiens aient perdu la vie ». Le directeur général de Statoil Helge Lund a aussi exprimé son « inquiétude profonde et grandissante » pour les employés encore portés manquants.

10 Japonais manquants Dix Japonais étaient toujours portés manquants plusieurs heures après la fin de la prise d’otage, a déclaré ce dimanche matin leur employeur nippon. « Nous avons eu confirmation que 41 de nos employés étaient sains et saufs mais le sort des 10 Japonais restants et de sept autres étrangers reste à déterminer », a déclaré Takeshi Endo, un porte-parole de la compagnie JGC Corp qui employait 78 personnes sur le site.

Le patron de la société japonaise JGC est parti pour l’Algérie samedi matin (heure du Japon) avec d’autres dirigeants de l’entreprise. « Puisque la sécurité de nombreuses personnes reste encore à confirmer, je veux aller m’en assurer sur la base d’informations fiables », avait déclaré Koichi Kawana avant son départ.

Dans la nuit de samedi à dimanche le Premier ministre japonais Shinzo Abe avait déclaré avoir reçu des autorités algériennes « une information grave » sur la situation des otages japonais. « J’ai reçu une information grave », avait-il dit sans plus de précisions, après avoir eu une conversation téléphonique avec le Premier ministre algérien. Le porte-parole en chef du gouvernement japonais, Yoshihide Suga, avait ensuite précisé que les informations données par Alger « parlaient de mort » et évoquaient les Japonais employés sur le site, mais sans avancer un quelconque bilan.

Dès le début de la tentative de sauvetage des otages par les forces algériennes, le Japon a été extrêmement critique de l’option choisie, et a notamment convoqué l’ambassadeur algérien à Tokyo pour le lui signifier.

Pour Obama, les « terroristes » sont responsables de la mort des otages

Le président américain Barack Obama a accusé les « terroristes » auteurs de la prise d’otages sur un site gazier en Algérie, d’être responsables de la mort des otages, dans un communiqué publié samedi.

« La responsabilité de cette tragédie revient aux terroristes qui en sont à l’origine, et les Etats-Unis condamnent leurs actions de la façon la plus forte », estime M. Obama. « Dans les prochains jours, nous resterons en contact étroit avec le gouvernement algérien pour mieux comprendre ce qui s’est passé afin de travailler ensemble pour éviter de telles tragédies », ajoute-t-il. C’est la première fois que le président américain s’exprimait directement sur cette prise d’otages.

Vingt-trois ressortissants étrangers et algériens ont été tués lors de la prise d’otages sur le site d’In Aménas, qui a pris fin samedi avec la mort des ravisseurs islamistes liés à Al-Qaïda dans l’assaut final des forces spéciales de l’armée. Parmi les otages tués figurent notamment des ressortissants de France, de Grande-Bretagne, de Roumanie et des Etats-Unis.

Ce drame souligne la persistance de la menace posée par « Al-Qaïda et d’autres groupes extrémistes violent en Afrique du nord », a souligné M. Obama. « Aujourd’hui, les pensées et les prières du peuple américain vont vers les familles de tous ceux qui ont été tués ou blessés lors de l’attaque terroriste en Algérie », ajoute le président américain.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire