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Ahmadinejad s’invite au Liban pour une visite controversée

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est arrivé mercredi au Liban pour une visite officielle controversée perçue comme une importante marque de soutien à son allié clé le Hezbollah, au cours de laquelle il doit se rendre dans le sud frontalier d’Israël, son pire ennemi.

450 millions de dollars investis Ahmadinejad sera accompagné de son ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki et d’une délégation d’hommes d’affaires. Des accords portant sur le prêt par Téhéran de 450 millions de dollars au Liban pour investir notamment dans l’électricité et l’eau seront signés lors de la visite.

Il ne s’était jamais rendu au Liban, depuis son arrivée à la présidence iranienne, en 2005. Pour cette première visite officielle, qui devrait durer deux jours, Mahmoud Ahmadinejad a un programme chargé… et controversé. Les entretiens officiels vont l’amener à croiser son homologue libanais Michel Sleimane, avec le Premier ministre soutenu par Washington et Ryad, Saad Hariri, et avec le président du Parlement Nabih Berri.

Sud-Liban et Hezbollah

Mais il devrait surtout apparaître au côté du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors d’un rassemblement organisé par le parti chiite, qualifié de terroriste par les Etats-Unis, qui l’accusent d’être massivement armé par l’Iran pour lutter contre Israël. Nasrallah a appelé les Libanais à participer « massivement » à cet accueil du « frère » Ahmadinejad. Une telle apparition est rare : Hassan Nasrallah apparaît généralement via une projection vidéo, pour des raisons de sécurité. Sa dernière sortie en public remonte à juillet 2008.

Autre temps fort de cette visite: jeudi, le président iranien devrait effectuer un déplacement très médiatisé dans le sud, à la frontière d’Israël, son pire ennemi. Il devrait aussi se rendre dans plusieurs villages durement touchés lors de la guerre de 2006 entre le Hezbollah et l’Etat hébreu, et reconstruits en grande partie grâce à l’aide iranienne. Le Hezbollah a combattu les troupes israéliennes jusqu’à leur retrait du sud en 2000 après 22 ans d’occupation.
« Influencer la donne régionale »

La visite d’Ahmadinejad suscite une controverse au Liban, des membres de la coalition pro-occidentale majoritaire au Parlement craignant qu’il ne tente de faire passer le pays pour une « base iranienne » aux portes d’Israël. « L’Iran dit à la communauté internationale qu’il détient la sécurité au Moyen-Orient et qu’il faut négocier avec lui en tant que superpuissance islamique », affirme Farès Souaid, un dirigeant de la coalition. « Il utilise le Liban comme boîte postale pour transmettre ce message ».

Ali Akbar Javanfekr, un conseiller du président iranien, a affirmé que cette visite « historique » allait « influencer la donne régionale ». « C’est dans le cadre de notre politique étrangère stratégique avec le Liban qu’elle a été planifiée », dit-il. Samedi dernier, lors d’une visite du président syrien à Téhéran, Ahmadinejad a d’ailleurs plaidé pour une « consolidation du front de la résistance » à Israël, incluant notamment l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais.

Lors de cette rencontre, la Syrie et l’Iran ont d’ailleurs critiqué le processus de paix israélo-palestinien que Washington tente de relancer depuis un mois, et annoncé un renforcement de leurs liens en dépit des efforts américains pour éloigner Damas de son allié iranien.

Tensions ravivées

Cette visite intervient enfin à un moment où une crise politique se noue dans le pays, le Hezbollah accusant le tribunal de l’ONU qui enquête sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri d’avoir basé son enquête sur de faux témoignages. Le parti s’attend à être accusé par le tribunal d’implication dans le meurtre. Les observateurs craignent un renouvellement de la crise qui a paralysé le pays de 2006 à 2008 et avait abouti à des violences faisant une centaine de morts en une semaine.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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