Les couples mixtes commencent à apparaître chez les jeunes Sud-Africains, qui ont grandi ensemble à l'école. © DR

Afrique du Sud: un modèle de vivre ensemble ?

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

À l’heure où le leitmotiv des hommes politiques belges face au radicalisme est l’amélioration du vivre ensemble, la journaliste Valérie Hirsch raconte, dans Les Sud-Africains, un pays plein de contradictions. Rencontre avec l’auteur.

Levif.be :Ces jours-ci, en Belgique, le leitmotiv des hommes politiques face au radicalisme est l’amélioration du vivre ensemble. Sur ce plan, où en est l’Afrique du Sud ?

Valérie Hirsch : Le « buzzword « , en Afrique du Sud, est « réconciliation ». Concrètement, la séparation raciale, imposée sous l’apartheid, disparait peu à peu : il y a des lieux de brassage au travail, à l’école, dans certains quartiers. Les préjugés racistes diminuent aussi, surtout chez les jeunes. Les Noirs, les métis, les Indiens et les Blancs se mélangent, surtout dans la classe aisée : ils fréquentent les mêmes écoles, vont dans les mêmes restaurants, les mêmes golfs… Mais, dans chaque groupe racial, certains ne veulent pas se mélanger, ne croient pas au « pays arc-en-ciel ».

Près d’un quart de siècle après l’abolition de l’apartheid, ce passé pèse-t-il sur la société sud-africaine ?

Le taux record de viols et de violences contre les femmes et les enfants s’explique par les traumatismes de l’apartheid, qui continuent à peser sur les Noirs. La moitié des Blancs seulement pensent que l’apartheid était un système oppressif injuste. Beaucoup d’entre eux se posent aujourd’hui en victimes, parce que les Noirs ont désormais priorité d’accès aux études et aux emplois. Ils reprochent aussi au gouvernement de l’ANC de mettre sur le dos de l’apartheid les fléaux causés après 1994 par la corruption et la mal gouvernance.

Les débats sur la laïcité suite à l’attentat contre Charlie Hebdo ont-ils une résonnance en Afrique du Sud ?

Le concept de laïcité n’existe pas. Ni celui d’intégration. Les Sud-Africains sont très attachés à leurs multiples religions et sont très tolérants. Ici, pas d’attentat antisémite, pas de manifestation contre le port du voile ou la construction d’une mosquée ! Mais on évite aussi la provocation.

Version intégrale de l’interview dans Le Vif/L’Express du 6 février.

Les Sud-Africains, par Valérie Hirsch, éditions Ateliers Henry Dougier, 144 p.

Olivier Rogeau, journaliste au Vif/L’Express, animera un débat avec l’auteur du livre le mardi 10 février de 18h à 20 h. à la Librairie Filigranes (Avenue des Arts, 39-42 à Bruxelles).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire