© REUTERS

Afghanistan : les talibans lancent leur « offensive de printemps »

Les talibans ont déclenché six attaques suicide concomitantes ce dimanche en Afghanistan pour marquer, selon eux, le début de leur traditionnelle « offensive de printemps », dont trois en plein coeur de Kaboul ayant notamment visé le Parlement, un vice-président et des ambassades.

Les hivers afghans, très rigoureux, sont d’ordinaire mis à profit par les insurgés islamistes pour se « reposer », mais les offensives des talibans, dont la guérilla gagne en intensité et s’étend à tout le pays ces dernières années, reprennent généralement de plus belle au début du printemps. Ces assauts ont fait 19 morts parmi les insurgés, tandis que 14 policiers et neuf civils ont été blessés, selon le ministère de l’Intérieur.

En début de soirée, les tirs et les explosions retentissaient encore dans le centre-ville, mais par intermittence alors qu’ils étaient très soutenus en début d’après-midi, selon les journalistes de l’AFP dont le bureau est situé au coeur du quartier des ambassades.

Six attaques concomitantes Tout a commencé vers 14h00 par des explosions et des tirs d’armes automatiques dans le quartier de l’enclave diplomatique où est située notamment l’ambassade des Etats-Unis. Au même moment, des kamikazes équipés de gilets remplis d’explosifs tentaient de pénétrer dans l’enceinte du Parlement, mais les forces de sécurité les ont repoussés selon la police. Les assaillants se sont retranchés dans un immeuble adjacent d’où ils résistaient.

Dans un autre quartier, des kamikazes se sont emparés d’un bâtiment jouxtant un grand hôtel nouvellement construit, le Kabul Star Hôtel, à moins de 100 m de l’entrée fortement sécurisée d’une succession d’ambassades – dont celle de la France – et d’une base de la force internationale de l’Otan (Isaf).

Les assaillants ont utilisé des armes automatiques et des lance-roquettes. L’enceinte des ambassades d’Allemagne et du Japon a été endommagée par des roquettes, mais personne n’a été touché. L’Isaf a assuré que les représentations diplomatiques américaine, britannique et allemande avaient été prises pour cibles.

A l’ambassade de France, le personnel s’est réfugié dans les sous-sols aux murs blindés et en est sorti en fin d’après-midi à la faveur de l’accalmie, a déclaré au téléphone à l’AFP un diplomate français.

L’ambassade des Etats-Unis a fait résonner ses sirènes d’alerte dès les premiers tirs et a confiné son personnel, « sain et sauf », a indiqué son porte-parole à l’AFP.

Les services de renseignement afghans ont assuré que l’un des deux vice-présidents du pays, Mohammad Karim Khalili, avait été la cible d’un des groupes d’assaillants, selon les aveux de trois d’entre eux capturés.

Au même moment, des kamikazes ont pris d’assaut des bâtiments du gouvernement, de la police et une base américaine dans la province de Logar, juste au sud de Kaboul, selon la police qui n’a pas fourni de bilan.

Quelques minutes plus tard, plusieurs personnes ont été blessées quand trois kamikazes ont fait exploser leurs bombes à l’entrée de l’aéroport de Jalalabad, dans l’est, qui abrite l’une des plus importantes bases aériennes de l’Isaf.

Enfin, à Gardez, également dans l’est, plusieurs talibans ont attaqué un centre d’entraînement de la police, blessant au moins quatre civils, selon la police locale.

Une preuve de la capacité d’action des talibans

« Le gouvernement de Kaboul et les forces d’invasion avaient dit il y a quelque temps que les talibans seraient incapables de lancer l’offensive de printemps, or les attaques d’aujourd’hui marquent le début de l’offensive de printemps », a déclaré au téléphone à l’AFP Zabihullah Mujahed, porte-parole des talibans, revendiquant toutes les attaques du jour et assurant que « de nombreux kamikazes y avaient pris part ».

Les insurgés ont multiplié ces dernières années les attaques de plus en plus audacieuses en plein coeur de Kaboul, capitale pourtant transformée en véritable camp retranché au terme de plus de 10 ans d’une nouvelle guerre. Ces actions en disent long, notent les experts, sur l’intensification et l’extension à tout le territoire de la guérilla de ces talibans chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, à la suite des attentats du 11-Septembre.

En septembre dernier déjà, les talibans avaient déclenché des attaques coordonnées dans la capitale, ayant notamment visé l’ambassade des Etats-Unis et une base militaire de l’Otan, et des combats ayant duré 19 heures avaient fait 14 morts.

La force de l’Otan compte encore quelque 130.000 soldats, américains pour plus des deux tiers. Mais l’Otan et les Etats-Unis ont entamé un processus de retrait de leurs troupes combattantes censé s’achever fin 2014, face à des opinions publiques occidentales de plus en plus réticentes au maintien de leurs militaires dans ce que les experts qualifient volontiers de bourbier afghan.

Sur la chaîne de télévision américaine CNN, l’ambassadeur des Etats-Unis à Kaboul, Ryan Crocker, a plutôt vu dimanche un « signe clair des progrès » des forces afghanes, « capables », maintenant, de repousser de telles attaques « par leurs propres moyens ».

Levif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire