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Afghanistan : les talibans en désaccord avec Al-Qaïda

Un journaliste de l’hebdomadaire britannique The New Statesman a rencontré un haut dignitaire taliban afghan qui lui a exposé ses vues sur la situation actuelle et les perspectives d’avenir des siens.

L’Irlandais Michael Semple est considéré comme l’un des experts les plus pointus de l’Afghanistan et du Pakistan. Il a pu recueillir les propos d’un haut dignitaire taliban pour l’hebdomadaire britannique The New Statesman, numéro à paraître demain. L’identité de son interlocuteur est tenue secrète pour lui permettre de s’exprimer librement, mais il s’agit d’un membre haut placé.

L’interlocuteur de Michael Semple estime que plus des deux tiers des talibans sont mécontents d’Al-Qaida. Certains y voient un fléau d’Allah, voire des espions à la solde des Américains. Il évoque la naïveté spontanée des « talibans » (« étudiants ») afghans en accueillant les membres d’Al-Qaïda, dont il estime qu’ils n’ont fait qu’apporter des malheurs à l’Afghanistan. Il est même soulagé par la disparition d’Oussama ben Laden : « Il aurait mieux fait d’aller faire le jihad en Arabie Saoudite« .

Selon lui, rêver de reconquérir Kaboul est une « grave erreur » des talibans. Pour autant, les dirigeants talibans ne peuvent pas avouer cette faiblesse, ce qui anéantirait le moral de leurs partisans, mais ils sont conscients des réalités : l’équilibre des forces qui s’affrontent en Afghanistan est évident.

Mutisme sur le Pakistan

L’objectif des talibans est le départ des occupants et l’instauration de la sharia en Afghanistan. S’ils n’obtiennent pas le pouvoir, ils veulent se constituer en tant que parti politique sur la scène nationale, à l’instar des chefs de guerre. La sharia s’appliquant différemment selon les lieux (très légère à Hérat et quasiment inappliquée dans le nord), un retour au pouvoir poserait de ce fait des problèmes conséquents. Quoi qu’il en soit, les talibans sont prêts à suivre le mollah Omar, ancien chef du régime déchu, dans sa lutte.

En ce qui concerne la politique sociale, les talibans se sont rendus célèbres par le traitement réservé aux femmes, la crispation sur des questions insignifiantes (barbes, prières etc.) et les relations internationales. La priorité doit à présent être de restaurer la sécurité, mais l’interlocuteur avance que sur les autres points, les politiques dures devraient être un peu assouplies.

Réticent à s’exprimer sur le Pakistan, il conclut que les talibans n’ont aucun désaccord fondamental avec la communauté internationale.

Alexandre Huillet

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