© Reuters

Affrontements et répression place Tahrir

Des heurts ont éclaté ce mercredi entre pro et anti-Moubarak dans le centre du Caire. Des centaines de manifestants ont été blessés, un militaire est mort.

De violents heurts sont en cours au Caire, alors que des miliciens pro-Moubarak sont intervenus sur la place Tahrir pour déloger les manifestants anti-Moubarak. Au moins 600 personnes ont été blessées selon des sources médicales. Le ministère de la Santé a annoncé le décès d’un « conscrit des forces armées » dans les affrontements.

Dans la soirée, le vice-président Omar Souleimane a appelé les manifestants à rentrer chez eux, comme l’avait fait l’armée en milieu de journée, prévenant que le dialogue proposé à l’opposition ne pouvait débuter avant l’arrêt des manifestations.

Selon le ministère de la Santé, cité par la télévision d’Etat, un appelé de l’armée a été tué et plus de 600 personnes ont été blessées dans les affrontements de mercredi.

L’opposition avait appelé à de nouvelles manifestations massives pour exiger le départ immédiat de Moubarak, en dépit de la promesse du président de s’effacer à la fin de son mandat en septembre, et l’ordre de l’armée de retour au calme.

Arrivés par milliers dans la matinée, des partisans du chef de l’Etat se sont violemment heurtés aux manifestants. Ils ont notamment jeté des blocs de pierre sur les manifestants depuis des toits et des balcons d’immeubles surplombant la place Tahrir, théâtre de la révolte depuis le 25 janvier.

La bataille a aussi gagné les abords du Musée égyptien, qui abrite des trésors inestimables de l’Antiquité pharaonique. Les soldats ont formé une chaîne pour protéger l’établissement, mais en fin d’après-midi, deux cocktails Molotov ont atterri dans la cour du musée.

« J’ai passé plusieurs heures sur la place » témoigne le journaliste américain Nicholas Kristof. « Il est absurde de dire qu’il s’agit d’affrontements entre groupes rivaux. Les manifestants pour la démocratie sont désarmés et ot été pacifiques depuis le début. Mais les nervis pro-Moubarak arrivent en bus. Ils sont armés et ils usent de leurs armes. » décrit le journaliste.

A la nuit tombée, des gaz lacrymogènes ont été tirés contre les manifestants anti-Moubarak près de la place, mais leur origine n’était pas claire. Selon l’opposition, des policiers en civil se trouvaient parmi les pro-Moubarak, une information démentie par le ministère de l’Intérieur.

Un journaliste et un photographe de l’AFP ont vu des centaines de blessés, parfois transportés sur les épaules de leurs camarades. Des médecins volontaires à la mosquée Ibad al-Rahmane, près de la place, où un hôpital de campagne a été installé, ont indiqué avoir accueilli au moins 500 blessés.

Plus tôt, des pro-Moubarak à dos de cheval et de chameau ont chargé les manifestants, avant d’être encerclés. Au moins six personnes ont été jetées à bas de leur monture, frappées à coups de bâtons et traînées au sol, le visage en sang. Dans la matinée, plusieurs centaines de manifestants pro-Moubarak avaient marché sur la place Tahrir, dont les accès sont gardés par des chars de l’armée.

Les militaires ne se sont pas interposés. Pour éviter ces affrontements, les forces armées avaient appelé les opposants à rentrer chez eux, ce mercredi. « Vous êtes descendus dans la rue pour faire entendre vos exigences et vous seuls êtes en mesure de permettre le retour à la vie normale », avait déclaré à la télévision un porte-parole de l’armée.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jugé « inacceptables toutes attaques contre des manifestants pacifiques » en Egypte, lors d’une visite officielle à Londres.

Hosni Moubarak, au pouvoir depuis près de 30 ans, a annoncé mardi soir qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat en septembre et s’est engagé à préparer une transition pacifique. Mais cette annonce n’a pas apaisé ses opposants.

Levif.be avec L’Express.fr

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire