Jean-Michel Lambert © AFP

Affaire Grégory: une lettre posthume du juge Lambert explique son suicide

« Je proclame une dernière fois que Bernard Laroche est innocent », indique l’ex-juge d’instruction Jean-Michel Lambert, qui s’est suicidé le 11 juillet dernier, dans une lettre écrite de sa main et envoyée à un journaliste du « Républicain lorrain », annonce le quotidien régional français mercredi.

Surnommé « le petit juge », Jean-Michel Lambert avait 32 ans lorsque, le 16 octobre 1984, le cadavre du petit Grégory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne. Alors seul juge d’instruction à Épinal, dans les Vosges, il s’agissait de son premier poste. Il avait notamment révélé à la presse la teneur des accusations portées par la jeune Murielle Bolle, 15 ans, qui venait de désigner au juge son beau-frère, Bernard Laroche, comme étant le ravisseur de Grégory. Après la mort de Bernard Laroche, tué par son cousin, le père de l’enfant, Jean-Marie Villemin, les soupçons du magistrat s’étaient tournés vers la mère de Grégory, Christine Villemin, qu’il avait inculpée d’assassinat, puis renvoyée devant les assises. Mais la Cour de cassation avait annulé la mise en accusation. Entre-temps, l’instruction avait été reprise par un autre magistrat, le juge Maurice Simon, qui avait mis à mal toutes les thèses du « petit juge ».

Dans sa lettre, Jean-Michel Lambert annonce son suicide. « Je n’aurai plus la force désormais de me battre dans la dernière épreuve qui m’attendrait », indique-t-il, estimant que ce énième « rebondissement » (dans l’enquête) est infâme ». Le rebondissement en question concerne un rapport de la gendarmerie qui a conduit à l’inculpation de trois membres de la famille de la victime en juin dernier: Marcel Jacob, oncle maternel de Jean-Marie Villemin (le père de Grégory), sa femme Jacqueline ainsi qu’une belle-soeur du père, Ginette Villemin. Selon l’ex-juge d’instruction, « la machine à broyer s’est mise en marche pour détruire ou abîmer la vie de plusieurs innocents ». Selon le Républicain lorrain, l’ex-juge Lambert aurait écrit trois autres lettres, adressées à ses proches et à son éditeur. Elles n’ont pas été rendues publiques.

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