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Affaire Chebeya en RDC : la famille du chauffeur Bazana se retire du procès

La famille de Fidèle Bazana Edadi, le chauffeur toujours porté disparu d’un célèbre militant congolais des droits de l’Homme assassiné en juin dernier à Kinshasa, Floribert Chebeya Bahizire, s’est retirée du procès des responsables présumés de ce meurtre, a rapporté le journal kinois ‘Le Phare’.

A la fin de la cinquième audience du jeudi 23 décembre, l’un des fils de Fidèle Bazana, chauffeur de M. Chebeya et lui aussi membre de l’ONG la Voix des Sans Voix (VSV), disparu depuis l’assassinat du président de la VSV, a lu une déclaration de retrait de sa famille du procès.

Pour Guylain Bazana Edadi, cette décision est surtout due au silence qui continue à entourer la disparition de son père, le 1er juin, écrivait ‘Le Phare’ dans son édition de lundi.

« Cette situation demeure jusqu’à présent sans écho et sans justification de la part des autorités du gouvernement », a-t-il clamé. Avant de rappeler que les enquêtes menées jusqu’à ce moment n’ont donné aucun résultat.

Par ailleurs, au nom de sa famille, Guylain Bazana a fait le constat que depuis l’ouverture du procès par la Cour militaire, il se dégage clairement une justice à deux vitesses car « la personne accusée et présumée suspecte numéro 1 n’est retenue que comme témoin ».

Pour les familles de MM. Bazana et Chebeya, ce principal suspect nà Kinshasa’est autre que le chef de la police, le général John Numbi, simple témoin au procès mais que tous veulent voir sur le banc des accusés.

En guise de conclusion, le fils Bazana a réitéré haut et fort la demande de disposer du corps de son père pour lui donner des obsèques dignes selon la coutume. « Nous nous retirons du procès. Tant que cette condition ne sera pas remplie, nous mettons fin à notre présence à dater de ce jour au procès », a-t-il conclu.

Le procès de huit policiers congolais, dont le chef des services spéciaux, accusés de l’enlèvement et l’assassinat en juin de M. Chebeya, a débuté le 12 novembre devant la cour militaire de Kinshasa, siégeant à la prison centrale de Makala. Des huit prévenus, trois sont en fuite et jugés par défaut.

Tous les prévenus sont accusés d' »association de malfaiteurs, enlèvement, assassinat et terrorisme », et les trois absents – deux majors et un adjudant – aussi pour « désertion ». Les cinq accusés présents sont le colonel Daniel Mukalay, chef des services spéciaux de la police nationale, le major Georges Kitungwa, le lieutenant François Ngoy, le sous-lieutenant Michel Mwuila et l’adjudant Blaise Mandiangu. Tous plaident non coupable.

Au cours de la quatrième audience, le 16 décembre, la Cour militaire s’était déclarée compétente, alors que les parties civiles réclamaient le transfert de l’affaire devant la haute cour militaire – compétente pour juger des officiers supérieurs, comme le général Numbi.

M. Chebeya, 47 ans, président-fondateur de l’ONG la Voix des sans voix (VSV), avait en effet été retrouvé mort le 2 juin dans sa voiture, les mains liées dans le dos, sur une route en périphérie de Kinshasa, au lendemain d’un rendez-vous, qui n’a pas eu lieu, avec le chef de police, le général Numbi. Ce dernier est depuis suspendu de ses fonctions.

Une nouvelle audience est prévue jeudi à Kinshasa.

Le Vif.be, avec Belga

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