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Affaire Bettencourt : une lettre contredit Eric Woerth

Un courrier saisi lors d’une récente perquisition prouve que l’actuel ministre français du Travail est bien intervenu, en mars 2007, auprès de Nicolas Sarkozy pour lui demander d’attribuer la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, financier des Bettencourt… et grand donateur de la campagne présidentielle.

Une simple lettre, découverte à la mi-août lors d’une perquisition, fragilise la position d’Eric Woerth. Le ministre du Travail a toujours affirmé ne pas être intervenu dans l’octroi, en juillet 2007, de la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, futur employeur de son épouse et gestionnaire de fortune des Bettencourt. Il a maintenu cette version lorsqu’il a été entendu comme témoin, le 29 juillet dernier, par la police judiciaire dans l’enquête sur un éventuel trafic d’influence autour de cette décoration. Or, selon nos informations, le procureur Courroye et les policiers de la Brigade financière disposent aujourd’hui d’un élément crucial qui infirme cette version: une lettre signée d’Eric Woerth lui-même, datée du début du mois de mars 2007.

Une nouvelle audition d’Eric Woerth paraît inévitable

Cette lettre, adressée à Nicolas Sarkozy, recommande Patrice de Maistre pour l’obtention de cette décoration. A l’époque, Eric Woerth est à la fois trésorier de l’UMP et du candidat à l’élection présidentielle. Quant à Nicolas Sarkozy, il se trouve pour quelques semaines encore à la tête du ministère de l’Intérieur, qu’il s’apprête à quitter pour se consacrer à la campagne.

Dans la lettre, rédigée sur du papier à en-tête d’une association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy, Eric Woerth vante les mérites de Patrice de Maistre. Avec ce document, l’hypothèse d’une récompense pour ses bons et loyaux services prend corps.

Interrogé le 30 août par L’Express, pour savoir s’il était intervenu par écrit ou oralement dans le dossier d’attribution de Légion d’honneur, Eric Woerth n’a pas souhaité entrer dans le détail. Il a simplement répété que cette remise de décoration n’avait donné lieu à « aucune contrepartie ».

Quant à l’avocat de Patrice de Maistre, Me Pascal Wilhelm, il nous a indiqué que son client avait découvert l’existence de cette lettre le 25 août, lorsque les policiers l’ont interrogé pendant six heures. Une nouvelle audition d’Eric Woerth semble désormais inévitable.

Le Vif.be, avec L’express.fr

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