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Affaire Bettencourt : Banier et d’Orgeval mis en examen

L’affaire Bettencourt s’est soudain emballée mercredi, avec la mise en examen par le juge Jean-Michel Gentil du photographe François-Marie Banier et de son compagnon, Martin d’Orgeval, et l’interpellation de l’ex-gestionnaire de fortune Patrice de Maistre qui comparaîtra jeudi devant un juge.

M. de Maistre, entré au service de l’héritière de L’Oréal en 2003, a été interpellé mercredi dans la matinée à l’aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle, de retour d’un voyage au Gabon, puis conduit à la prison de la Santé, à Paris.

MM. Banier et d’Orgeval, après deux nuits à la Santé, sont arrivés à 12H50 à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac par un avion régulier d’Air France, sous escorte de gendarmerie, et ressortis discrètement du bureau du juge aux alentours de 17H00, libres sous contrôle judiciaire après avoir payé une caution.

M. Banier a été mis en examen pour abus de faiblesse, d’abus de confiance et escroquerie aggravés et blanchiment, passibles de sept ans de prison, et Martin d’Orgeval pour abus de faiblesse, blanchiment et recel, passibles de cinq ans de prison.

Ils ont en particulier reçu de Liliane Bettencourt, à partir de septembre 2006, date à partir de laquelle porte l’information ouverte le 29 septembre, des cadeaux d’une valeur de 103 et 23 millions d’euros respectivement, selon Le Monde et RTL. M. de Maistre est visé dans la même information.

M. Banier, a indiqué son avocat, Pierre Cornut-Gentille, s’est « félicité, au bout de quatre ans (Françoise Bettencourt-Meyers, fille de Mme Bettencourt, a porté plainte contre lui en décembre 2007, ndlr), d’être prochainement entendu pour pouvoir se défendre et démontrer son innocence ».

Les deux hommes seront interrogés sur le fond ultérieurement, « courant janvier » selon l’avocat de M. d’Orgeval, Jean-Alain Michel. Ils soutiennent que les cadeaux ont été faits de plein gré.

Mais, selon l’expertise médicale réalisée le 7 juin, Mme Bettencourt, actuellement placée sous tutelle, présente « une maladie d’Alzheimer à un stade modérément sévère » et elle est la proie d’un « processus dégénératif cérébral lent et progressif », de nature à jeter un doute sur sa réelle volonté de faire ces cadeaux.

Les avocats ont critiqué le processus judiciaire des derniers jours, « très brutal, coercitif et infâmant », selon Me Cornut-Gentille, et à l’issue duquel, selon Me Michel, M. d’Orgeval est « très affaibli et extrêmement choqué ».

Les avocats de M. de Maistre, Jacqueline Laffont et Pierre Haïk, ont également dénoncé une mesure « coercitive, déstabilisante et fragilisante », et « singulièrement injustifiée ».

Ces premières mises en examen interviennent presqu’un an jour pour jour après la saisine des juges d’instruction, le 17 décembre 2010, et le jour de l’examen à huis clos par la cour d’appel de Versailles d’une demande de Mme Bettencourt d’être placée sous curatelle renforcée, moins contraignante que la tutelle. L’arrêt de la cour d’appel sera rendu le 18 janvier.

La milliardaire souhaite que son petit-fils, Jean-Victor Meyers, 25 ans, soit son curateur et que la gestion de ses biens et de son patrimoine soit confiée à des tiers. Ce scénario éclipserait sa fille et son autre petit-fils Nicolas, 23 ans, chargés de la tutelle sur le patrimoine depuis le 17 octobre, conjointement avec Jean-Victor, qui est également chargé de veiller sur les besoins quotidiens de sa grand-mère.

Interrogée sur les mises en examen du jour en marge de cette audience, Me Béatrice Weiss-Gout, l’avocate de Françoise Bettencourt-Meyers, a estimé que « cela confirmait que la démarche de (sa cliente) était juste et légitime et dans l’intérêt de sa mère ».

Enfin, l’avocat Pascal Wilhelm, ancien mandataire de Mme Bettencourt, réunirait aussi contre lui des « indices de sa participation à un abus de faiblesse » au détriment de la milliardaire, souligne une ordonnance du 19 octobre du président du TGI de Bordeaux, Christian Riss, évoquée par Le Monde et dont l’AFP a eu aussi eu connaissance.

Sa convocation à Bordeaux est aussi envisagée, selon une source proche du dossier.

Le Vif.be, avec Belga

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