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A Paris, la Seine n’en finit pas de monter

Le Vif

Musées du Louvre ou d’Orsay fermés, bateaux-mouches à quai, barricades érigées : Paris a pris vendredi plusieurs mesures préventives face à une crue de la Seine, dont le niveau n’avait jamais été aussi haut depuis plus de 30 ans.

Conséquences des pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’Europe cette semaine, faisant au moins 16 morts, la montée des eaux n’a pour l’instant pas causé de dégâts significatifs dans la capitale française.

C’est donc surtout par précaution que les musées situés de part et d’autre du fleuve ont décidé de fermer leurs portes le temps de mettre à l’abri une partie de leurs collections.

Au Louvre, le musée le plus visité au monde, « plusieurs milliers d’oeuvres » conservées dans ses réserves souterraines ont été remontées aux étages dans la nuit, si bien que les caisses en plastique côtoient désormais la Vénus de Milo et autres antiquités.

Le Musée d’Orsay, le Grand Palais et deux sites de la Bibliothèque nationale de France ont également été fermés « par précaution ».

Eva Palomarès, une Milanaise en vacances à Paris, est « déçue » d’être privée de visite. Mais « la star aujourd’hui, c’est la Seine, il faut la sentir gronder », se console-t-elle.

Sur les ponts de la capitale, grappes de touristes et de passants, comme en état de sidération, dardent téléphones et appareils photos vers le fleuve ronflant et marronâtre, dont les berges sont inondées.

« ça rappelle que la nature est plus puissante que l’homme. On ne peut rien faire, on attend », commente Gabriel Riboulet, un entrepreneur de 26 ans.

Caves inondées

Selon les autorités, la crue de la Seine a atteint vendredi soir 6,07 mètres, avec un nouveau pic attendu dans la nuit « entre 6,10 et 6,40 mètres », un niveau comparable aux 6,15 mètres atteints en 1982 mais loin de la crue historique de 1910 (8,62 mètres).

Si les eaux restent loin du niveau d’alerte, plusieurs mesures de précaution ont toutefois été prises : depuis mardi le trafic fluvial est interdit et les berges sont impraticables pour les voitures comme pour une ligne de train régional.

Plusieurs stations de métro ont été fermées et des agents ont protégé les quais avec des sacs de sable. Des « batardeaux » – protections amovibles — ont été installés en bord de Seine.

Malgré tout, près du fleuve, quelques squares, caves et parking ont subi des inondations.

« Ça a commencé avec juste un filet d’eau de 2 mm, puis 5 cm et puis ce matin 70 cm », raconte Patricia, habitante d’un immeuble aux caves inondées, qui regrette d’y avoir stocké « des archives » et des documents administratifs.

« A ce stade, il n’y a pas de menace sur les populations », a souligné la maire de Paris Anne Hidalgo, alors que deux personnes sont mortes dans les inondations dans le reste du pays.

A Montargis (120 km au sud de Paris), une femme âgée d’une soixantaine d’année a été retrouvée morte vendredi dans un jardin situé au bord d’une rivière en crue. Jeudi un cavalier de 74 ans a été emporté à une trentaine de km de Paris. Seul son cheval avait réussi à regagner la berge.

Onze morts en Allemagne

La ministre française de l’Environnement, Ségolène Royal, a dit « craindre qu’on puisse découvrir (d’autres) victimes » avec la décrue qui « va être très lente » dans l’ensemble des zones inondées.

Plusieurs départements de la région parisienne et du centre de la France restaient en alerte, notamment en aval de la Seine. Depuis le début des fortes pluies le week-end dernier 20.000 personnes ont été évacuées.

Face aux importants dégâts matériels constatés, « l’état de catastrophe naturelle sera reconnu », a promis le président François Hollande. Les assureurs ont estimé les dommages à au moins 600 millions d’euros.

En Allemagne, la situation semble s’améliorer, mais la police bavaroise a annoncé la mort d’un homme de 72 ans, sauvé des eaux jeudi à Triftern (sud) mais décédé vendredi à l’hôpital.

Au total, 11 personnes sont décédées dans le pays depuis le début de la semaine du fait des intempéries : sept en Bavière et quatre dans le Bade-Würtemberg (sud-ouest).

Dans le sud de la Belgique, le corps d’un apiculteur emporté jeudi soir par une rivière en crue a été retrouvé vendredi.

Des inondations ont également frappé la Roumanie, où les autorités ont annoncé vendredi la mort de deux hommes noyés dans l’est du pays.

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