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A la tête de l’association des supporteurs russes, un ancien hooligan ultranationaliste

Le Vif

Alexandre Chpryguine a connu la prison, a été pris en photo faisant le salut nazi et se définit comme « patriote ». Avec ce pedigree, il est le président de l’Association des supporteurs russes, dont les éléments les plus radicaux ont été montrés du doigt lors des violences à Marseille.

Mardi matin, alors que la gendarmerie française contrôlait les papiers des supporters dans un bus affrété par l’Association des supporteurs russes (ARS), Alexandre Chpryguine tempêtait sur Twitter.

« Nous sommes l’association officielle des supporters russes! C’est le cirque! », lançait-il peu avant que 43 supporteurs soient placés en garde-à-vue.

Samedi, de violentes altercations entre fans russes et anglais avaient fait 35 blessés à Marseille en marge du match Russie-Angleterre (1-1).

Ces rixes ont gâché le début de l’Euro-2016 et ont fait apparaître au grand jour la figure du hooligan russe.

Des violences ont également eu lieu dans le stade de Marseille, au coup de sifflet final. Conséquence, la Russie a été condamnée à payer 150.000 euros d’amende par l’UEFA et a écopé d’une suspension avec sursis de l’Euro: elle sera disqualifiée au moindre nouvel incident dans un stade impliquant ses supporteurs.

Alexandre Chpryguine, lui, dénonçait l’organisation, « horrible », de l’Euro.

Né en 1977, l’homme s’est rendu pour la première fois dans un stade à l’âge de douze ans. Fan du Dynamo Moscou, il acquiert sa notoriété dans le milieu du hooliganisme sous le surnom de « Kamantcha ».

Il est également proche du groupe de métal Korrosiya Metalla, dont les chansons, ouvertement racistes, « White Power » ou encore « Skinhead », figurent sur la liste des contenus extrémistes interdits en Russie.

En 2001, il fait le salut nazi en compagnie du chanteur du groupe et d’une femme aux seins nus sur une photo, un geste qu’il expliquera ensuite par son état d’ébriété.

« Je ne suis pas un fasciste, ni un nazi », assure-t-il, juste un « patriote ».

Prison

Condamné au début des années 2000 à un an de prison dans une sombre histoire de bagarre ayant dégénéré à la suite d’un vol de téléphone portable, il se rapprochera des clubs de supporteurs à sa sortie de prison et intègrera celui du Dynamo Moscou en 2007.

En 2012, il devient assistant d’Igor Lebedev, un député du parti d’extrême droite LDPR, dirigé par l’ultranationaliste Vladimir Jirinovksi, le père du député.

Au surlendemain des violences à Marseille, M. Lebedev a félicité les supporteurs russes: « Je ne vois pas ce qu’il y a de mal avec le fait que des supporteurs se battent (…) C’est même plutôt le contraire, bravo les gars. Continuez! », a-t-il écrit sur Twitter.

Devenu président de l’association des supporters russes, Alexandre Chpryguine multiplie les gestes de soutien aux fans participant à des bagarres de masse, comme Egor Sviridov, supporteur du club Spartak Moscou qui a été tué par balles lors de rixes avec des Caucasiens en décembre 2010.

Il n’hésite pas non plus à multiplier les commentaires racistes. Ainsi, en 2015, il explique aux médias russes qu’il souhaiterait voir des « visages slaves » dans l’équipe nationale et déplore la présence de « tant de footballeurs étrangers » dans l’équipe de France, l’équipe « de Napoléon ».

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