Carte blanche

A la croisée des chemins : vers un bel avenir pour l’humain

A l’aube du 21e siècle, plusieurs voies s’offrent à l’Humanité qui se voit confrontée à un choix majeur. Peut-être le plus important qu’une espèce douée d’intelligence puisse avoir à poser. En tant que membres de l’Humanité adolescente, l’heure est venue de nous demander quel adulte nous voulons devenir.

L’évolution des sociétés humaines semble suivre un cours aléatoire, dirigé au gré des intérêts économiques personnels et des solutions politiques à court terme. Lorsque les citoyens sont contraints de déléguer jusqu’à certains de leurs devoirs fondamentaux, qui a la possibilité d’initier des choix dont l’application bouleverserait tous les aspects de nos quotidiens ?

L’heure du choix

Aujourd’hui, le Belge moyen consomme chaque jour l’équivalent de 50 fois la quantité d’énergie que peut produire son propre corps.[1] Son empreinte écologique est plus de quatre fois supérieure à la bio-capacité de la planète.[2] Et la population mondiale est estimée à 10 milliards d’humains d’ici à 2050 pour une surface cultivable mondiale inchangée.

Il n’est donc d’ores et déjà plus possible pour les hommes de rivaliser avec les machines ni de fonctionner sans elles.

Par ailleurs, les réserves fossiles sont limitées et, si la nouvelle filière nucléaire promet 3000 ans d’autonomie énergétique, c’est sans compter l’accroissement de la consommation (en 1800, au rythme de la consommation d’énergie de l’époque, il y avait pour plus de 1000 ans de réserve de charbon, gaz et pétrole[3]).

Enfin, l’économie de marché, qui définit la richesse comme une différence de potentiel économique, nous contraint à consommer toujours davantage d’énergie pour maintenir notre niveau de vie.

Comment poursuivre dans cette voie, sans risquer de condamner nos enfants à un avenir où les humains seront prisonniers du monde qu’ils auront construit ; dépendants d’une production énergétique et de technologies que, pour la plupart, ils ne comprendront pas, ne maîtriseront pas et dont ils ne seront pas propriétaires ?

Un bel avenir

Il existe heureusement d’autres voies. Et nous pensons que l’impératif immédiat est de faire un choix pour l’une d’elles, si nous ne voulons pas perdre la liberté d’en poser, à force d’avoir trop attendu.

Nous aspirons à une société dans laquelle l’être humain se nourrit sans dégrader la nature. Où l’agriculture profite d’une production naturelle non perturbée (des techniques parfois nouvelles et simples, comme le semis sous couvert, permettent de réduire considérablement la consommation d’énergie liée à l’agriculture[4]), utilise moins de machines, et consacre davantage d’emplois à la récolte et la transformation.

Au-delà de choisir une alimentation de qualité, nous appelons également à valoriser la production de biens matériels à longue durée de vie, à privilégier la convivialité de relations sociales fortes avec les personnes près de chez soi et les trajets de courte distance ; à partager plus et consommer moins ; et à laisser à tous une part dans la vie politique, l’apprentissage et la production énergétique.

Cette perspective reste à préciser, mais elle laisse en tout cas entrevoir un monde dans lequel les humains pourraient avoir, entre eux et avec la nature, des rapports de coopération plutôt que de compétition ; pourraient mieux maîtriser leurs outils ; et dépendraient de sources énergétiques renouvelables et à dimension humaine.

En une phrase : un mode de fonctionnement sociétal qui n’empêcherait pas les futures générations de s’adapter aux changements sur Terre. En un mot : résilient.

C’est cette dernière voie que nous souhaitons pour l’Humanité. Aujourd’hui, nous assistons à un foisonnement d’initiatives locales, d’alternatives écologiques et de solutions citoyennes. Continuons donc à rassembler, à partager et à diffuser les informations qui permettent à tous de vivre de manière saine et écologique, à faibles coûts énergétique et économique pour mener l’Humanité à un bel avenir !

Cédric et Isabelle Françoys – de Brabandere, cofondateurs de l’AISBL ResiWay.org

[1]4,73 tep (tonnes d’équivalent pétrole) par personne en 2014 (indicateur IEA 2014 pour la Belgique, retrouvé sur http://www.iea.org/statistics/statisticssearch/report/?country=BELGIUM&product=indicators&year=2014 – key indicators – TPES/population), soit 47,3 MCal par an ou 129,5 kCal par jour (taux de conversion établi d’après International Energy Agency, « Manuel sur les statistiques de l’énergie », p. 193, tableau A3.4 , Paris, 2006), soit un rapport de 51,8 pour un (avec 2500 kCal comme moyenne du métabolisme de base en activité – KAYSER, NORDMANN et DI COSTANZO, « MÉTABOLISME« , 1.3 – métabolisme de base, dans Encyclopedia Universalis, 2017)

[2]7,11 hg consommés par personne annuellement (IFDD, « Atlas de l’empreinte écologique et de la biocapacité des pays membres de la francophonie« , p. 8 – Belgique, 2012) pour une population mondiale de 7,3 G (United Nations, Department of Economic and Social Affairs, Population Division, World Population Prospects: The 2015 Revision, https://esa.un.org/unpd/wpp/DataQuery) et une biocapacité de 12 Gha (http://data.footprintnetwork.org/countryTrends.html, Supply and Demand, World, Biocapacity 2013), soit un rapport de 4,3 pour un.

[3]305 Mtep de consommation mondiale en 1800 (MARTIN-AMOUROUX J-M (Dr rer. Pol.), « Consommation mondiale d’énergie 1800-2000« , p. 3, tableau-1, 2015), pour une consommation cumulée d’énergie fossile entre 1800 et 2010 de 337 Gtep (ibid.), soit un rapport de un pour 1104.

[4]30% des émissions totales de GES sont d’origine agricoles (OCDE, « Sécurité alimentaire mondiale : défis pour le système agricole et agro-alimentaire« , p. 61, 2013)

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