A Kinshasa, les anciens belligérants réunis
Les présidents rwandais et ougandais étaient présents au défilé du 50e anniversaire de l’indépendance de la RDC. Joseph Kabila a promis d’accélérer le rythme de la reconstruction.
Par Gérald Papy, à Kinshasa
Démonstration de puissance d’un pays uni et « résolument tourné vers l’avenir » : le président Joseph Kabila voulait célébrer le 50e anniversaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo en grandes pompes ; fête et prestige étaient au rendez-vous, mercredi, à Kinshasa.
Il est 9 heures sur la grande avenue qui longe le stade des martyrs et le palais du Peuple, ce boulevard triomphal qui a été rénové pour l’occasion. La foule est massée déjà depuis un certain temps. Le cortège qui devait s’ébranler à cette heure précise n’est pas près de le faire. Quatre chefs d’Etat, arrivés le matin même et non la veille comme beaucoup d’autres, sont encore attendus par les autorités congolaises au palais du Peuple : les dirigeants des Seychelles, de Zambie et les présidents ougandais et rwandais, venus sceller la réconciliation avec ce Congo sur le territoire duquel ils ont porté la guerre il y a quelques années.
L’assistance n’a donc pas encore l’occasion de s’enflammer, hormis quand le speaker annonce que les spectateurs seront exceptionnellement autorisés à emporter chez eux les chaises en plastique et les parasols frappés du sigle du 50e anniversaire qui ont été mis à leur disposition. Plusieurs membres de l’assistance soulèvent alors leur siège en signe de joie…
Plus d’une heure après le timing prévu, les personnalités invitées font leur apparition, sortant du palais du Peuple pour rejoindre à pied la tribune d’honneur dressée en face. Les dames ouvrent le cortège, emmenées par la reine Paola et l’épouse de Joseph Kabila, Olive. Même place privilégiée pour Albert II, en tête du groupe masculin, aux côtés de son homologue du Swaziland. Derrière, suivent le président du Zimbabwe Robert Mugabe et les autres chefs d’Etat africains, parmi lesquels l’Ougandais Yoweri Museveni et le Rwandais Paul Kagame. « Ils affichaient un profil bas », croit déceler un spectateur attentif, qui suggère que si les dirigeants sont arrivés en groupe, « c’était pour éviter que certains d’entre eux soient chahutés par le public ». Un scénario effectivement plausible.
Kabila, pas un grand tribun Après la prière oecuménique, le président Joseph Kabila prend la parole. Mais il ne déchaînera pas de flamboyantes passions. Son discours d’une dizaine de minutes ne sera couvert qu’à deux reprises par de faibles applaudissements. N’est pas tribun qui veut…Dressant l’historique du combat pour l’indépendance, Joseph Kabila cite un de ses prédécesseurs qui, en revanche, en était un, Joseph-Désiré Mobutu, aux côtés des Simon Kimbangu, Patrice Lumumba, Joseph Kasa-Vubu, Mzee Laurent-Désiré Kabila, son père assassiné. Son allocution se veut avant tout fédératrice à l’attention d’une « nation fière de sa diversité ». Le Président congolais cite certes les réalisations de son mandat, l’unité, la paix, la réconciliation, le multipartisme, la libéralisation, la transition électorale… mais aussi les « regrettables ratés », le développement, le progrès social, les droits humains… Joseph Kabila promet enfin d’accélérer le rythme de la modernisation des infrastructures et conclut en exprimant sa certitude que « les 50 premières années seront meilleures que les 50 dernières ». Il n’aura donc pas, à cette occasion, livré de message particulier aux Belges, comme il l’avait fait chaleureusement la veille. Normal, somme toute, vu son auditoire du jour.
Après les propos tout empreints d’une volonté de dialogue, place à la démonstration de force. Le défilé, militaire puis civil, peut commencer. Il durera plusieurs heures et n’occultera pas la symbolique de l’événement : d’anciens belligérants réunis devant les soldats qu’ils envoyaient hier s’affronter en de meurtriers combats.
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