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A Hong Kong, la foule commémore la répression du « Printemps de Pékin »

Le Vif

Des dizaines de milliers personnes se sont rassemblées pour commémorer mercredi soir à Hong Kong la répression meurtrière du « Printemps de Pékin », il y a 25 ans, seule manifestation de ce type sur le sol chinois, tandis que Taïwan, autrefois chinois, a appelé son puissant voisin à se réformer.

« Justice pour le 4 juin ! « , a scandé la foule présente dans un parc de Hong Kong pour une veillée aux chandelles, agitant des bannières, tandis que les noms des personnes tuées le 4 juin 1989 dans la capitale chinoise ont été égrenés à travers des haut-parleurs. Les participants à ces commémorations se sont inclinés en signe de respect, tandis que des images de ce qui s’est passé il y a un quart de siècle étaient diffusées sur de larges écrans. « La colère et les larmes autour du massacre sont encore très présents » dans nos mémoires, a déclaré Lee Cheuk-yan, président de l’Alliance de soutien aux mouvements démocratiques de Chine. « L’émotion autour du mouvement démocratique de 1989 a représenté un moment d’espoir, puis le massacre a entraîné le désespoir. Quand vous êtes passés par tout ça, vous ne pouvez pas oublier ».

Parmi les gens rassemblés au parc Victoria, beaucoup sont arrivés de Chine continentale.
« Je suis venu ici pour prendre part à cette veillée, parce qu’en Chine nous n’avons aucun droit ou aucune liberté. Donc, pour exprimer mes opinions, je dois venir à Hong Kong », a expliqué Huang Waicheng, un ingénieur de 35 ans habitant la ville voisine de Shenzhen qui souligne qu' »en Chine, trop peu de gens sont au courant » de la répression de juin 1989″.

Les députés du parlement hongkongais favorables au mouvement pour la démocratie, vêtus de noir, ont observé mercredi une minute de silence. Dans le quartier très commerçant de Causeway Bay, où de nombreux touristes de Chine continentale font leurs achats, militants et étudiants ont installé la réplique grandeur nature d’un char, pour symboliser l’arrivée des tanks sur l’immense place de Pékin.
Hong Kong est la seule région de Chine qui marque chaque année l’anniversaire de Tiananmen.

En un quart de siècle, le Parti communiste chinois (PCC) est parvenu à instaurer en Chine continentale un silence d’Etat sur la révolte des étudiants et son écrasement par l’armée, objets d’une censure draconienne. Une partie de la jeunesse chinoise en ignore jusqu’à l’existence. Mais Hong Kong, ancienne colonie britannique rendue à la Chine le 1er juillet 1997, jouit d’un statut à part, conservant sa monnaie et son système judiciaire ainsi qu’une liberté de la presse et de parole inconnue en Chine continentale, en vertu d’une Constitution qui lui est propre, et ce pour 50 années. Ce printemps, le territoire a même ouvert son premier musée consacré au 4 juin 1989.

Des centaines de personnes ont par ailleurs manifesté pour la même occasion à Taïpeï, la capitale de Taïwan, où le président Ma Ying-jeou, artisan du dégel entre son île et la Chine, a appelé Pékin à entamer des réformes politiques pour que de telles répressions ne se reproduisent pas.

« J’espère sincèrement que les autorités du continent (Chine populaire) corrigeront rapidement leurs erreurs pour faire en sorte qu’une telle tragédie ne se répète pas », a martelé le chef d’Etat dans son traditionnel communiqué marquant cet anniversaire.

Pékin considère Taïwan comme lui appartenant et n’a pas renoncé à la réunification, par la force si nécessaire. Mais les relations entre les deux territoires se sont apaisées depuis l’élection en 2008 de Ma Ying-jeou, réélu en 2012.

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