A Genève, les droits de l’homme font recette

Près de 25 000 spectateurs, de longues files jusque dans la rue, des séances dédoublées, le Festival du film et forum International sur les droits humains (FIFDH), qui se termine dimanche à Genève, a connu un succès inégalé, en particulier auprès des jeunes, venus en masse. Voilà qui aurait réjoui Stéphane Hessel, à qui cette 11e édition était dédiée. Une quarantaine de films étaient programmés.

Samedi soir, le prix du meilleur documentaire de création est allé à Camp 14 – Total Control Zone de Marc Wiese (Allemagne, 2012), qui retrace la bouleversante cavale d’un Nord-Coréen qui parvient à s’échapper d’un camp de travail. Un « jury des jeunes » a décerné sa palme à In utero Srebrenica, de Giuseppe Carrieri (Italie, 2012), qui évoque en noir et blanc ces centaines de mères qui ignorent toujours où se trouvent les dépouilles de leurs enfants.

« Un film, un sujet, un débat », tel est le concept du FIFDH, fondé et dirigé par Léo Kaneman (la photo), et qui se déroule chaque année pratiquement en face du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU. Au coeur de cette Genève qui a toujours accueilli les persécutés de la terre, hommage a été rendu à toutes les formes de résistance, de l’Ouzbékistan à la Russie en passant par la Syrie et la Chine.

Dans son jury, le FIFDH comptait notamment le plasticien chinois Ai Weiwei, « symbole international de l’artiste bâillonné », et qui a participé au festival à distance. Une chaise vide l’a représenté lors de la remise des prix. Le festival a également réservé une place particulière à la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, agressée par les talibans pour son entêtement à vouloir fréquenter l’école. Son père était présent lors de la cérémonie d’ouverture.

Le festival n’a pas oublié de balayer devant sa porte, en se focalisant sur la question des drones, des multinationales, et surtout des viols « commis impunément en Inde, en RDC, mais aussi en Suisse, en France et partout en Europe ». Claude Wild, chef de la division « sécurité humaine » au ministère suisse des Affaires étrangères, a rappelé que la liberté d’expression est parfois bafouée au sein de l’UE, et que la Suisse avait reçu « 140 recommandations » du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, notamment sur le problème de la xénophobie.

Pour Léo Kaneman, « la question des droits de l’homme est universelle et transcende la droite et la gauche. Malgré la crise et la précarité, nous avons attiré des gens de toutes conditions, en particulier des jeunes à la recherche de sens. Le potentiel d’indignation est bien présent, et il ne fait que monter ! »

François Janne d’Othée (à Genève)

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