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A Gaza et en Israël, la peur de la guerre malgré la trêve

Le Vif

Si le calme est revenu dans la bande de Gaza après un nouveau pic de violences, des civils palestiniens et israéliens craignent que n’éclate un nouveau conflit entre l’Etat hébreu et le Hamas, au pouvoir dans l’enclave.

Après qu’un de ses soldats a été tué vendredi par des tirs palestiniens durant des manifestations près de la frontière entre l’enclave et le territoire israélien, Israël a déclenché d’intenses bombardements qui ont coûté la vie à quatre Palestiniens, dont trois membres de la branche armée du mouvement islamiste.

A la suite de médiations des Nations unies et de l’Egypte, une trêve était globalement respectée samedi. Mais les populations restent sur le qui-vive.

« La guerre va arriver. Je sais que l’occupant (israélienne) mène des raids pour préparer son opinion publique (à un conflit) », affirme à l’AFP Somaya Rabaya, 21 ans, qui habite Deir al-Balah, dans le centre du petit territoire palestinien.

A quelques kilomètres de là, dans le kibboutz (village collectiviste israélien) de Kfar Aza, les tirs de roquettes ou d’obus de mortier depuis l’enclave font partie du quotidien, comme la course aux abris.

« Cela fait peur, mais c’est la vie près de la bande de Gaza », assure Ofir Libstein, un habitant de 44 ans.

Autour du village, des terrains ont été incendiés par des cerfs-volants et des ballons incendiaires lancés depuis l’enclave palestinienne.

« On ne peut que se sentir mal de voir toute cette végétation flamber, on se demande quelle sorte de gens peut en arriver à faire ça », dit ce père de quatre garçons.

Depuis que les Gazaouis ont entamé le 30 mars un mouvement de protestations près de la frontière, des jeunes gens attachent des engins incendiaires à des cerfs-volants et des ballons qu’ils lancent ensuite vers Israël dans le but d’y faire des dégâts.

Selon les autorités israéliennes, plus de 2.500 hectares sont partis en fumée à cause de ces torches volantes.

Des dirigeants israéliens ont menacé le Hamas de représailles et d’une opération de grande envergure si les incendies ne cessaient pas.

L’armée vise d’ailleurs de plus en plus souvent les groupes de Palestiniens qui lancent ces engins près de la frontière.

– « Nous sommes fatigués » –

Wissam, 17 ans, prépare avec d’autres jeunes Palestiniens des cerfs-volants qu’ils comptent enflammer avec du diesel. Ils se dissimulent derrière un talus de sable de crainte d’une attaque israélienne.

« Ce (samedi) matin, ils ont bombardé un poste d’observation du Hamas près d’ici. J’ai eu peur qu’ils nous visent avec un missile », confie-t-il.

Selon un responsable du Hamas qui a souhaité garder l’anonymat, le cessez-feu prévoit l’arrêt des raids aériens israéliens et des tirs de roquettes palestiniennes vers Israël mais pas des cerfs-volants incendiaires.

Près de 150 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne en quasiment quatre mois de protestations à la frontière. Un soldat israélien a été tué.

Il s’agit du premier militaire israélien tué près de Gaza depuis la guerre qui a opposé en 2014 Israël au Hamas.

Ce conflit particulièrement destructeur était le troisième en l’espace de six ans entre Israël et les mouvements armés de l’enclave.

« Nous ne voulons pas de nouvelle guerre », affirme aujourd’hui Khaled Barkakh, un habitant de Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza.

« Nous sommes fatigués et nous voulons vivre comme des êtres humains », ajoute ce jeune homme de 22 ans en faisant allusion au strict blocus qu’Israël impose à l’enclave depuis plus d’une décennie.

Israël le justifie comme une mesure d’isolement du Hamas, qu’il considère comme un groupe « terroriste ».

Mais ce blocus est dénoncé par certains comme une punition collective qui favorise la radicalisation des deux millions d’habitants de ce territoire plus petit que la principauté d’Andorre.

Mais même si les deux populations s’inquiètent du risque d’une nouvelle guerre, elles feront bloc avec leurs dirigeants militaires en cas de conflit, assure à l’AFP Nathan Thrall, du centre de réflexion International Crisis Group.

« Si une guerre avait commencé (vendredi) soir, les Gazaouis auraient soutenu les représailles du Hamas et de nombreux Israéliens auraient soutenu les opérations visant à faire cesser les cerfs-volants incendiaires », dit-il.

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