C'est à Léon Trotski qu'est revenue la tâche d'organiser l'Armée rouge. © Isopix

28 janvier 1918 : les premiers pas de l’Armée rouge

D’elle, il ne reste que les choeurs. Quelques vagues souvenirs aussi. Un parfum de révolution et comme l’air d’une autre époque. Elle s’est perdue en 1991, en même temps que l’empire qu’elle était censée protéger. Mais pourquoi donc l’Armée rouge a-t-elle été créée ? Et comment est-elle devenue mythique ? Tout commence en octobre 1917.

L’engagement de la Russie dans la Première Guerre mondiale coûte cher au pays : défaites militaires, absence de nécessaires réformes, crise économique… C’est dans ce terreau fertile que les bolcheviks vont puiser leurs forces. Issus de l’ancien Parti ouvrier social-démocrate, ils réclament  » la paix, le pain et la terre « . Le slogan fait mouche. Encouragés par Lénine et Trotski, les bolcheviks renversent le gouvernement provisoire. L’opération est rapidement validée par une assemblée représentant le peuple – le Congrès des Soviets.

Reste à construire le nouvel Etat. Et à organiser le pouvoir. Celui-ci est confié à deux organes : les soviets d’une part, les comités militaires de l’autre. Dès le départ donc, les forces armées se voient confier un rôle clé. Pour l’heure, elles ne sont toutefois qu’une  » garde rouge « , essentiellement composée de détachements ouvriers. Une réforme s’impose. Surtout que la menace est bien réelle. Elle est intérieure : la révolution est fragile, le nouveau pouvoir est contesté. Elle est aussi extérieure : si les soviets aimeraient se retirer du conflit mondial, ses ennemis ne le lui permettent pas…

En janvier 1918, la nouvelle armée voit donc le jour. Son nom : Rabo?e-Krest’janskaja Krasnaja Armija. Ou  » Armée rouge des ouvriers et des paysans « . Le décret est signé le 15 janvier, soit le 28 janvier de notre calendrier grégorien. A peine instituée, l’Armée rouge est sur le pied de guerre. Le 21 février, devant la menace allemande, le pays est déclaré en danger. Dans la foulée, des enrôlements massifs sont organisés, tandis que l’instruction militaire est décrétée. Sous la houlette de Trotski, commissaire à la guerre de 1918 à 1924, l’armée va croître en nombre et en professionnalisme.

Au sortir de la Première Guerre, l’Armée rouge compte plus d’1,5 million d’hommes. Son immense force de frappe va permettre de sauver les pouvoirs issus de la révolution d’Octobre. Et de réprimer une foule de révoltes paysannes. Durant l’entre-deux-guerres, le budget consacré à la défense augmente sans cesse. Lorsqu’éclate la Seconde Guerre mondiale, les chiffres deviennent fous : plus de 4 millions d’hommes composent l’Armée rouge. Celle-ci entre définitivement dans l’histoire en résistant sur le front de l’Est, puis en libérant une grande partie de l’Europe.

En 1946, l’Armée rouge devient Armée soviétique. Mais dans l’esprit de l’Occident, elle demeure l’Armée rouge. En pleine guerre froide, elle est chargée de contenir la menace de l’Ouest. Quitte à intervenir contre son propre camp, comme à Budapest et à Prague. A la fin des années 1980, les effectifs fondent en même temps que la puissance politique de l’empire. Le chant du cygne. En même temps que l’URSS, l’armée se meurt. Restent les choeurs.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire