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26 mars 1995 : Enfin, la fin des frontières en Europe

Le Vif

Tout commence en 1984. A l’époque, la Communauté européenne s’interroge sur la manière dont l’intégration pourrait être poursuivie. Les  » Dix  » souhaitent aussi s’attacher davantage le soutien des opinions publiques.

Des commissions planchent sur la question. Parmi d’autres, l’idée de supprimer les contrôles aux frontières est retenue. Il s’agirait de créer un grand marché et d’offrir la libre circulation aux biens, aux personnes et aux services. La perspective plaît mais le timing proposé n’a rien d’affolant : on parle alors de 1992…

La France et l’Allemagne ne veulent pas attendre. Rejointes par les pays du Benelux, elles négocient, dès 1985, des accords spécifiques. Le 14 juin, les représentants des cinq pays se retrouvent à Schengen. Cette petite ville luxembourgeoise, inconnue de tous, entre soudainement dans l’histoire. Le texte est signé : on l’appelle « accord de Schengen ».

La fin des frontières ? Pas si vite ! Les accords ne prévoient que la facilitation progressive du passage aux frontières. En fait, les Etats négociateurs se sont rendu compte de l’ampleur du défi. Cinq nouvelles années leur sont nécessaires pour négocier l’accord d’exécution. Celui-ci prévoit notamment de renforcer la coopération policière et d’harmoniser les politiques d’asile. Le texte est signé le 19 juin 1990 : on l’appelle « convention de Schengen ».

La fin des frontières ? Toujours pas ! L’entrée en vigueur se fait attendre. La France, particulièrement, s’inquiète. De l’augmentation de l’immigration clandestine, de la propagation de la drogue néerlandaise, des menaces terroristes… Ce n’est que le 26 mars 1995 que les textes sont appliqués. L’Espagne et le Portugal ont alors rejoint les pionniers. Ils seront suivis par l’Italie, la Grèce, l’Autriche, les pays scandinaves et d’autres. L’Irlande et la Grande-Bretagne, elles, ne sont pas intéressées. Très tôt, Margaret Thatcher avait prévenu : « Je n’ai pas rejoint l’Europe pour subir les déplacements libres de terroristes, de criminels, de drogues et d’immigrants illégaux. »

Vincent Delcorps

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