Dans un hôpital au Yémen. © Reuters

20 millions de personnes pourraient mourir de faim d’ici 6 mois

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

Quatre famines menacent la vie de plus de 20 millions de personnes dans le monde. Si rien n’est fait, elles mourront de faim d’ici six mois, prévient Arif Husain, l’économiste en chef du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’Organisation des Nations unies (ONU) lors d’un entretien accordé à Reuters.

Quatre famines distinctes, mais simultanées menacent la vie de millions de personnes dès aujourd’hui, affirme Arif Hussain. « Cela fait près de quinze ans que je travaille au Programme alimentaire mondial et c’est la première fois que nous parlons littéralement de famine dans quatre régions différentes du monde en même temps. C’est presque bouleversant de réaliser qu’au 21e siècle, des gens continuent de connaître des famines d’une telle ampleur. On parle d’environ 20 millions de personnes, et tout cela dans les six prochains mois, ou dès maintenant. »

Au Yémen

Le pays est déchiré par un conflit depuis qu’une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite a commencé, en mars 2015, une campagne de bombardements pour repousser les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, qui ont pris le contrôle de la capitale Sanaa et d’autres parties du pays.

La fermeture de l’aéroport de Sanaa a pesé lourd sur le sort des civils, car les médicaments ne peuvent plus être acheminés par avions et les Yéménites ne peuvent pas aller se faire soigner à l’étranger.

Les stocks de blé du Yémen pourraient être épuisés dans les mois à venir, car les banques étrangères n’acceptent plus de transactions financières avec les banques commerciales du pays.

Environ 14 millions de personnes, soit 80 % de la population du pays, ont besoin d’aide alimentaire. Deux millions ont même besoin d’une aide d’urgence pour survivre.

L’ONU a appelé à un cessez-le-feu au Yémen pour permettre la livraison d’aide humanitaire d’urgence et la reprise de discussions politiques pour mettre fin à une guerre qui a déjà causé la mort de près de 10.000 civils, selon les responsables des Nations unies.

Dans le nord-est du Nigéria

Au Nigeria, des millions de personnes ont dû fuir les violences du groupe islamique Boko Haram et ont trouvé refuge dans des camps dans l’État de Borno. Mais l’absence de commerces, de marchés et de possibilités de se déplacer rend les réfugiés dépendants de l’aide humanitaire. »Ils survivent par 50 °C, dans des huttes au toit de tôle, avec un point d’eau, des cuisines communes et un repas par jour », explique Arif Husain à Reuters. « Nous nourrissons plus d’un million de personnes alors qu’il y a quelques mois, nous n’avions même pas un bureau là-bas. »

Au Sud Soudan

Le Sud Soudan est devenu indépendant en 2011 après une guerre de plusieurs décennies, mais à peine deux ans plus tard, le plus jeune pays du monde a replongé dans la violence.

Depuis décembre 2013, plusieurs dizaines de milliers de Sud-Soudanais ont été tués et 2,5 millions ont fui leurs foyers et près de 5 millions de Sud-Soudanais, soit plus d’un tiers de la population, font face à une insécurité alimentaire « sans précédent », selon l’ONU.

Aujourd’hui, la menace vient du fait que les prix des produits alimentaires ont doublé, voire quadruplé en un an.

En Somalie

En Somalie, c’est une grave sécheresse annoncée qui menace la population déjà fragilisée par une forte augmentation des prix alimentaires et des prix du bétail, ainsi que des revenus agricoles qui chutent.

Il reste cependant un mince espoir que la sécheresse ne soit pas aussi grave que le craignent certains. En 2011, la famine avait fait environ 260 000 morts en Somalie, alors que la saison des récoltes avait été bonne, ce qui n’a pas été le cas pour les deux dernières années.

D’autres régions sensibles

Ces famines constituent de nouvelles tensions pour le réseau humanitaire qui doit déjà faire face à des mouvements migratoires sans précédent. En effet, de nombreuses ONG sont déjà mobilisées autour des conflits en Syrie, en Irak et en Afghanistan, mais également en Ukraine, en Libye et au Zimbabwe.

Sans oublier les endroits où l’insécurité alimentaire est chronique : la RDC, la Centrafrique, le Burundi, le Mali, le Niger. « Il n’y a tout simplement pas assez de ressources pour y arriver », déplore Arif Husain.

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