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20.000 km non stop : le marché de niche des vols très longue distance

Le Vif

Portés par les nouvelles technologies avec des avions plus légers et des coûts de carburant plus bas, Boeing et Airbus rivalisent sur le marché de niche des vols de très longue distance, jusqu’à 20.000 km sans escale.

Le premier vol passagers direct sans escale reliant l’Australie à la Grande-Bretagne a quitté samedi Perth pour Londres, une liaison de la compagnie aérienne australienne Quantas de près de 15.000 km assurée par un Boeing 787 Dreamliner.

Quels sont les avions au plus long rayon d’action?

Les avions de nouvelle génération -construits en matériaux composites, plus légers et moins gourmands en carburant-, offrent une nouvelle jeunesse aux vols à très long rayon d’action.

Airbus va livrer cette année à Singapore Airlines son premier A350-900 ULR (ultra long range, ultra long rayon d’action), faisant passer la distance parcourue maximum de la gamme de son long-courrier A350 de 8.100 milles nautiques (environ 15.000 km et jusqu’à 16 heures de vol) à 9.700 nautiques (environ 18.000 km et jusqu’à 20 heures de vol) grâce à une optimisation de son système de carburant qui lui permet d’emporter 165.000 litres de fuel et une masse au décollage augmentée.

Boeing propose le 777-8 avec un rayon d’action de 8.700 milles nautiques (16.110 km) et avait lancé en 2006 son 777-200 LR (8.555 milles, 15.843 km)

Le Dreamliner 787-9 va jusqu’à 7.635 milles nautiques (14.140 km).

Quelles innovations, pour quel confort?

Dans de tels vols sans escale, l' »expérience client » est un élément essentiel pour la pérennité du programme.

Les avions de nouvelle génération, grâce à leur fuselage en composite, permettent une pressurisation de l’avion améliorée réduisant la fatigue à l’arrivée et l’effet de sècheresse des muqueuses (lèvres et nez).

En terme de bruit, ces appareils ont un niveau sonore perçu nettement réduit par rapport à ceux d’ancienne génération, ce qui augmente le confort des passagers.

Un éclairage LED programmable permet en outre de réduire le « jetlag », l’effet du décalage horaire, en diffusant une lumière de couleur différente en fonction de l’effet souhaité: rosée ou violette pour inciter à l’endormissement ou bleue pour aider au réveil.

Autres éléments participant au confort: une ventilation de la cabine sans courant d’air, une homogénéité des températures dans la cabine et un taux d’humidité plus élevé pour éviter l’irritation de la gorge ou des yeux.

Quels avantages, pour quels types de passagers?

Le vol direct permet de gagner en moyenne trois ou quatre heures d’escale, voire une nuit d’hôtel, et de choisir son temps de sommeil.

Les hommes d’affaires sont une cible privilégiée mais pas seulement: éviter une escale peut convenir aux personnes âgées, aux personnes à mobilité réduite ou aux enfants.

Quel intérêt pour les compagnies?

En évitant le passage obligé des hubs – ces grosses plateformes de correspondance – les avions de très longue distance permettent aux compagnies d’envisager de nouvelles liaisons entre des villes secondaires à fort potentiel.

Il s’agit d’un « marché de niche » qui permet de « réduire l’importance des hubs », explique Didier Bréchemier, expert en aéronautique au cabinet de consultants Roland Berger.

Le « seul risque » pour les compagnies d’opérer de tels vols de très longue durée est de « ne pas avoir suffisamment de fréquences » mais cet aspect « peut être couvert avec en complément une alliance » de compagnies aériennes, ajoute-t-il.

Quelle est la règlementation en vigueur sur la durée de vol?

Le règlement Etops (Extended-range Twin-engine Operation Performance Standards) de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) est la limite dans laquelle l’avion est certifié pour voler avec un seul moteur jusqu’à son atterrissage sur la piste la plus proche, quand il vole au dessus des océans par exemple.

L’Etops a évolué en permanence depuis l’introduction du concept au cours des années 1980 avec le Boeing 767 et l’Airbus A310. Initialement, sa durée était de deux ou trois heures.

Aujourd’hui, les dernières générations de bimoteurs ont la certification Etops pour cinq voire six heures de vol avec un seul moteur, en fonction des configurations.

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