19 juin 1953 : les Rosenberg étaient-ils coupable ?

Elle est plus résistante que son mari. Pour lui, une seule charge avait suffi. Pour elle, il en faudra plusieurs. Qu’importe : la chaise électrique a fini par avoir raison des époux Rosenberg. De vils espions à la solde de Moscou. A moins que ce ne soit de malheureux innocents, morts sur l’autel de la propagande anticommuniste ?

La fin des années 1940 marque le début de la guerre froide. En Amérique, plus encore qu’ailleurs, la peur de Moscou agite les esprits. Une crainte notamment : celle des scientifiques. Il faut dire que la guerre se joue aussi dans les labos. Dès 1942, les Soviétiques ont lancé leur projet de développement de bombe atomique. En août 1949, ils ont effectué leur premier test. Et ils l’ont réussi. Après les Etats-Unis, l’URSS devient le premier pays à faire exploser une bombe atomique. Aussitôt, les rumeurs se répandent, selon lesquelles les Soviets auraient été aidés par leurs espions…

En juillet 1950, Julius Rosenberg est arrêté. Cet ingénieur électricien travaille pour l’armée américaine. Motif de l’arrestation ? Il aurait révélé des secrets atomiques aux Russes. Un mois plus tard, c’est Ethel, sa femme, qui est mise en prison. Elle serait la complice de son mari. Les preuves sont pourtant minces. Leurs noms ont été dévoilés par le beau-frère d’Ethel qui, en échange, a pu sauver sa peau. Autre chose : Julius et Ethel furent tous deux membres du parti communiste américain. En cette période de chasse aux sorcières, cela fait très mauvais genre…

« We are innocents ! » D’un bout à l’autre de leur procès, voilà ce que les Rosenberg proclament. En mars 1951, ils sont toutefois condamnés à mort. C’est alors qu’un énorme mouvement de mobilisation s’organise. Né dans la mouvance communiste, il embrasse bientôt un public très large. Aux States, un National Committee to Secure Justice in The Rosenberg Case voit le jour. Dans de nombreux pays – Canada, Allemagne, France… – des branches régionales apparaissent. Sur le Vieux Continent, des manifestations sont organisées devant les ambassades américaines ; des tracts et des ouvrages sont publiés. De nombreuses lettres sont même envoyées à la Maison-Blanche. Le mouvement touche les masses autant que les vedettes. Aux Etats-Unis, Albert Einstein prend position. Au Vatican, le pape Pie XII en appelle à la clémence. Pour beaucoup de militants, l’affaire Rosenberg serait une nouvelle affaire Dreyfus.

Mais rien n’y fait. Les juges ont tranché ; inflexibles, ils ne reviendront pas sur leur décision. En réalité, seuls des aveux permettraient aux Rosenberg d’échapper à la peine capitale. Mais jusqu’au bout, ils persisteront dans leur dénégations. Le 19 juin 1953, ils passent sur la chaise électrique. Un peu partout dans le monde, des minutes de silence sont organisées, des dépôts de gerbes fleurissent. Par la suite, des comités de réhabilitation naîtront même. Et pourtant, aujourd’hui cela ne fait plus l’ombre d’un doute : les Rosenberg étaient bel et bien coupables.

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