Marcel Petiot, dit "docteur Petiot", un "anormal d'envergure". © GETTY IMAGES

18 mars 1946 : Marcel Petiot, alias « Docteur Satan », face à ses juges

Les noires vedettes de la Seconde Guerre mondiale sont connues : Hitler, Himmler, Göring, Hess… Mais les forces obscures ont aussi leurs seconds couteaux. Pendant que les nazis exécutent leurs sombres desseins, un médecin français multiplie les assassinats. Dans une étonnante discrétion. Il faudra attendre la fin du conflit pour que l’homme soit placé devant ses juges.

Né en 1897, Marcel Petiot manifeste très tôt une très vive intelligence. Ainsi qu’un certain sens de la cruauté : l’enfant aime tirer au revolver sur les chats du voisinage. C’est à tout le moins ce qu’on peut lire dans son hagiographie. Tous les grands hommes aiment construire leur légende…

En 1933, il s’installe à Paris, où il ouvre un cabinet médical. Electrothérapie et désintoxication sont ses créneaux. Ses alibis aussi. Car déjà, l’homme se fait remarquer par des pratiques douteuses. Ordonnances de complaisance, détournements de fonds, vols… Ces bricoles lui valent d’être arrêté. Pour la première fois, la question se pose alors : Petiot est-il fou (et irresponsable) ou sain (et coupable) ? La première thèse l’emporte temporairement. L’homme est envoyé en maison de santé. Il y restera sept mois.

C’est en 1941 que les grandes manoeuvres commencent. Le médecin aménage des caves dans son hôtel particulier et commence à recruter un nouveau type de patients. Sous le nom de  » Monsieur Eugène « , il s’adresse aux personnes désireuses de quitter la France. Il leur promet l’Argentine et la liberté. Lorsqu’elles débarquent dans le cabinet de  » Monsieur Eugène « , elles signent en fait leur arrêt de mort.

En 1943, Petiot est arrêté par la Gestapo, qui voit en lui un véritable résistant clandestin. Faute de preuves, il est bientôt libéré. En mars 1944, son charnier est découvert mais l’homme prend la fuite. Après s’être caché dans la (vraie) Résistance, le (faux) passeur est définitivement emprisonné.

Hypermédiatisé, son procès commence le 18 mars 1946 aux assises de la Seine. Vingt-sept disparitions lui sont reprochées. Sa ligne de défense est toute trouvée : Petiot joue le héros. Flamboyant chevalier blanc, il se présente comme l’ennemi… des Allemands ! Il ne conteste pas le fait d’avoir tué mais bien la raison de ses crimes : toutes ses victimes étaient à la solde de l’ennemi, prétend-il.  » Ce que j’ai fait, c’est par esprit sportif. Par conséquent, je ne demande pas tellement de remerciements !  » ajoute-t-il, cynique. Petiot prétend aussi avoir permis le passage de nombreux Juifs vers l’Amérique.  » Oh, certes, je risquais ma vie. Mais je me suis beaucoup amusé.  »

La manoeuvre ne fait guère illusion. Le 4 avril, le jury rend son verdict : le docteur est condamné à mort.  » Il faudra me venger « , hurle-t-il, à l’heure de quitter la salle d’audience. Le 25 mai, cet  » anormal d’envergure  » est guillotiné. Puis enterré au cimetière d’Ivry. Plus tard, il inspirera quelques auteurs et cinéastes. Sans jamais être vengé.

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