La signature du Pacte de Varsovie. Assis : Nikolaï Boulganine, le président du conseil des ministres de l'URSS. © Rue des Archives

14 mai 1955 : ainsi naquit le Pacte de Varsovie, « l’anti-Otan »

La foule est épaisse sur la place Tzierdzinsky de Varsovie. Pas moins de 100 000 personnes s’y sont donné rendez-vous. « Paix, paix », scandent les Polonais. Mais cet appel à l’unité est aussi une démonstration de force.

A la tribune, le maréchal Boulganine est monté. Le président du conseil des ministres de l’URSS s’adresse autant aux personnes rassemblées à ses pieds qu’à l’ensemble du monde occidental.  » Nous voulons la paix, lance-t-il. Mais nous défendrons nos pays par tous les moyens.  » Le message est clair : signé quelques heures plus tôt, le Pacte de Varsovie est bel et bien une nouvelle arme de guerre.

L’ONU est un échec. Quelques années auront suffi à percevoir que l’Organisation des Nations unies ne pouvait être l’instrument de paix espéré. En cause : les innombrables veto de la délégation soviétique, dans un climat de guerre froide naissante. Dès 1949, douze pays occidentaux se rassemblent pour créer l’Otan. Outre les Etats-Unis et le Canada, la France, le Royaume-Uni et la Belgique figurent parmi les fondateurs. Leur objectif : empêcher la montée du communisme. S’il le faut, en utilisant les armes.

Le club des douze n’est pas fermé. En 1952, la Grèce et la Turquie rejoignent l’équipe. En octobre 1954, les Accords de Paris scellent un nouvel élargissement. L’entrant n’est pas n’importe qui : il s’agit de la République fédérale d’Allemagne. Pour les Soviets, la coupe est pleine. Ils voient dans le réarmement de l’Allemagne une menace pour leur propre sécurité. Et réagissent. En quelques mois, Moscou convainc ses principaux partenaires de formaliser une nouvelle alliance. Dès le 14 mai 1955, le Pacte de Varsovie est signé dans la capitale polonaise. Officiellement, il s’agit d’un  » traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle « . En réalité, c’est l' » anti-Otan  » qui vient de voir le jour.

A côté de l’URSS, sept partenaires sont représentés à Varsovie : l’Albanie, la Bulgarie, la RDA, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Hongrie. Tous égaux ? Pas vraiment. En théorie, chaque signataire accepte de limiter sa souveraineté. Dans les faits, l’URSS est l’incontestable leader. Le QG du Pacte est d’ailleurs établi à Moscou. Il est placé sous la direction d’Ivan Koniev, un maréchal… soviétique. Sans tarder, celui-ci impose les principes d’organisation de l’armée de son pays aux troupes des pays partenaires. Et privilégie l’achat d’équipement soviétique.

Avec le temps, cela devient de plus en plus manifeste : le Pacte de Varsovie ne sert pas qu’à protéger l’Est de l’Ouest ; il vise aussi à maintenir les satellites dans l’ombre du Kremlin. La preuve ? En août 1968, les troupes du Pacte envahissent Prague pour éteindre le  » Printemps  » local. Cet acte de guerre est unilatéralement décidé par Moscou. Mais l’approche a ses limites. Dans les années 1980, les régimes communistes d’Europe centrale et orientale sont moribonds. L’empire est menacé. En 1991, l’Union soviétique disparaît. Et le Pacte de Varsovie aussi.

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